Chères résistantes, chers résistants, chers soutiens.
Il a fait un temps magnifique pendant toute la quinzaine. Alors, autant vous dire que Gilles ATTAF et moi ne nous sommes pas fait prier quand Vincent GUERINET, éminent membre FFI de Lille, nous a invités à regarder les demi-finales femmes du mythique tournoi de la porte d’Auteuil.
Nous avons pu nous régaler de l’élégance vestimentaire du public parisien, des prouesses de ces jeunes joueuses qui courent toujours plus vite et frappent toujours plus fort. C’était impressionnant.
J’avais oublié mon chapeau. Alors, je suis allé en boutique. J’ai cherché quelques minutes, mais pas moyen d’en trouver un made in France. J’ai donc pris un panama. Vu son prix, j’ai hésité à demander s’il n’y avait pas un tarif pour autochtone et un autre pour touriste américain. Mais je n’ai pas osé.
Quand j’ai rejoint Gilles, il a demandé à voir mon couvre-chef. J’ai commencé à transpirer en me disant qu’il allait certainement vérifier l’étiquette indiquant son lieu de fabrication.
« J’ai pas trouvé du #madeinfrance. », me suis-je justifié comme un gamin qui vient de se rendre compte qu’il allait se faire gauler.
Il m’a jeté un œil dubitatif, a toisé le chapeau, l’a pressé entre ses mains et m’a lancé : « au moins, c’est un vrai Panama. Il a été fait en Équateur. Quand c’est un vrai, tu peux le tordre comme ça. Il retrouvera toujours sa forme. »
Ouf… Je ne me suis pas fait gronder. Et en plus, j’ai appris :
- Qu’un panama, ça ne se froisse pas.
- Que ça coûte un milliard à Roland-Garros.
- Que c’est encore difficile d’acheter du textile made in France quand on n’est pas un minimum organisé.
Nous voilà au moment précis où vous vous demandez habituellement, dans un soupir : « Mais quel rapport avec l’industrie ? »
J’y viens ! Mais je rappelle tout de même que ça ne sert pas à grand-chose d’aller à #RolandGarros si on ne prend pas le soin de le dire à tout le monde. Si ?
Quel rapport avec l’industrie, donc ?
Comme vous le savez, en ce moment, nous parcourons la France et les plateaux télé pour faire la promotion du magazine Les Déviations. À chaque prise de parole, à chaque conférence, nous chantons la noblesse des métiers manuels.
Et, de temps en temps, nous croisons des gens qui continuent à penser que ces métiers sont réservés à ceux qui ne peuvent pas faire d’études. Comme si l’intelligence ne pouvait pas s’exprimer dans de telles carrières. Comme si nous n’avions pas assez de sang pour irriguer nos mains et notre cerveau en même temps.
Pense-t-on la même chose de ces champions de tennis ? De ces sportifs qui nous font rêver ? Sous prétexte qu’ils ont pratiqué leur art au lieu de courir les diplômes, va-t-on dire d’eux qu’ils ne peuvent pas penser ? Oppose-t-on leur adresse à leurs capacités intellectuelles ? Comme s’il fallait choisir ?
Alors évidemment, nous avons tous en tête quelques interviews de footballeurs qui peuvent nous amener à douter de ce que je viens de vous dire. Mais vous m’avez compris.