Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens.
Dire des choses sérieuses sans se prendre au sérieux fait partie de la marque de fabrique des infolettres FFI.
Mais il y a des moments où décaler le discours s’apparente à de la maladresse. Alors, parce qu’on ne peut pas rire de tout. Parce qu’un ton léger ne convient pas toujours. Nous vous proposons cette semaine de parler exceptionnellement de politique. Et ce dans un style plus solennel que d’habitude. Émeutes obligent.
On le sait scientifiquement maintenant, face à un événement nouveau, chaque être humain s’arrange toujours pour trouver une explication qui confirme ce qu’il pensait déjà. On appelle cela « le biais de confirmation ». C’est un mécanisme naturel de notre cerveau qui nous permet de nous donner une vision cohérente (logique, mais fausse) du monde. Il attire notre attention sur les faits qui affermissent nos croyances et détourne notre attention de ceux qui les contredisent.
Ainsi, une personne très à gauche (qui pourrait s’appeler Sandrine) a-t-elle considéré que la cause des émeutes en cours est la pauvreté de ceux qui y participent, oubliant que bien des émeutes récentes impliquaient des fils et filles de « bonnes familles ». Alors qu’une personne très à droite (qui pourrait s’appeler Éric) va penser que le problème vient de la religion ou de l’origine ethnique des personnes impliquées, oubliant que de récentes émeutes impliquaient des fils et des filles de « bonnes familles »…
Notre biais de confirmation à nous, aux FFI, c’est de croire que l’industrie, c’est la vie. Et que bien des problèmes de notre société sont le fruit de son affaiblissement ces 40 dernières années.
Nous pensons, à l’image de ce que disaient certains philosophes des Lumières, que tout irait mieux chez nous si nous étions tous tenus de travailler ensemble dans des entreprises, sur des projets communs. Si nos revenus en dépendaient, nous nous arrangerions pour faire les efforts nécessaires, amoindririons nos différences afin de capitaliser sur ce qui nous rapproche. Si les bâtiments qui partent en fumée étaient le fruit du travail ou des impôts de chacun, nous hésiterions avant d’y mettre le feu.
Adam Smith, donc ?
Lors du siècle des lumières et des révolutions qui l’ont suivi, le sentiment religieux, le respect des statuts (aristocratie et clergé) et des traditions qui structuraient les sociétés d’Ancien Régime, ont été remises en cause.
Nombre de penseurs se sont alors demandé ce qui allait souder les peuples, naturellement enclins à se diviser quand ils n’ont pas de bonnes raisons de s’unir.
Quelques philosophes, dont Adam Smith, ont alors considéré le travail comme le seul moyen de faire société.
Parce qu’il crée des « solidarités forcées », c’est-à-dire un lien obligatoire entre personnes qui travaillent ensemble. Le client est ainsi lié à son fournisseur, le patron à ses employés, les collègues entre eux… En obligeant des gens différents à collaborer, à partager, à se parler, le travail était perçu par Adam Smith comme l’antidote à un communautarisme potentiellement dévastateur. Pardon pour l’anachronisme, on ne disait pas communautarisme à l’époque.
Je vais sans doute chercher les choses un peu loin…
Mais après 40 ans de mise en doute de la place centrale du travail dans nos sociétés.
Après 40 ans à entretenir le mythe d’une école de la République qui fabriquerait à elle seule des citoyens responsables, unis et bienveillants avec l’aide d’une politique de la ville sensée inclure et d’une politique culturelle sensée inspirer.
Après 40 ans de désindustrialisation qui nous a fait collectivement préférer faire des chèques à des personnes sans emploi plutôt que de les voir travailler dans des usines qu’on estimait indignes de la condition humaine.
Après 40 ans où on a oublié qu’on apprend pourtant, dans ces mêmes usines, la dignité, le respect de soi et des autres, la responsabilité. Qu’on y prend le goût du travail bien fait. Qu’on peut y saisir sa chance et vivre une ascension sociale, une émancipation par son seul mérite.
Après 40 ans d’errance, donc, il est temps de reconnaître à nouveau les bienfaits de tout ce qu’une industrie puissante apporte à notre société.
Les maux de la France n’en seraient pas tous réglés. Mais nombre d’entre eux s’en trouveraient amoindris. Voilà pourquoi, amis, soutiens des Forces Françaises de l’Industrie, nous vous invitons à poursuivre notre combat pour la #réindustrialisation de nos territoires.
Nous savions ce combat nécessaire. Nous mesurons aujourd’hui combien il est devenu urgent.
La réindustrialisation de la France est-elle possible avec un euro trop fort (peut-être de 30 %) en fait un euro-mark, compte tenu du rapport qualité – prix de ses produits ? Cette surévaluation agit en fait comme une taxe sur les exportations et une subvention aux importations, d’où le déficit de 180 milliards d’euros de sa balance commerciale. Quel nombre d’emplois industriels représente ce déficit ? Peut-être 1 million et plus !