Chères résistantes, chers résistants, chers soutiens,
À tous ceux qui pensent que la place qu’a prise la crise des punaises de lit dans notre actualité est la preuve que la France est tombée en décadence.
À ceux qui se souviennent des combats linguistiques de Jacques Toubon en pensant qu’il avait bien raison et que tout part à vau-l’eau depuis qu’on utilise beaucoup moins l’imparfait du subjonctif.
À ceux qui pensent que la musique qu’écoutent les jeunes est tombée bien bas depuis la mort de Mike Brant… Permettez-moi de vous rassurer. Je veux vous dire aujourd’hui que non, tout n’est pas foutu !
Car la Sorbonne, l’un des plus hauts lieux de la vie intellectuelle française nous a accueillis lors de la prestigieuse Nuit des Idées pour parler des métiers de production. Parce qu’elle a reconnu la qualité des parutions de notre média Les Déviations. Parce qu’elle reconnaît l’importance de notre combat pour les métiers manuels et leur nécessaire revalorisation.
Et parce que la rumeur dit que certains de ses dirigeants se marrent en silence, à la lecture de notre infolettre saugrenue ; la plus ancienne université d’Europe nous a proposé d’animer un amphithéâtre lors de sa Nuit des Idées. Alors, dans un grand amphi de la galerie Soufflot, nos invités et moi avons pris la place du prof, le temps de deux tables rondes.
Pour moi, c’était fantastique. J’aurais sans aucun doute écrit mon nom au tableau noir en l’épelant d’une voix autoritaire si j’avais aperçu une craie. En vérité, nous étions quelques-uns, ce jeudi 5 octobre, à vivre un rêve de jeunesse.
Dans la salle, des membres FFI, des abonnés à notre média Les Déviations, et des étudiants nous rappelaient une nouvelle fois le théorème parisien le plus infaillible. Il dit que pour remplir une salle de 200 places, il faut inscrire 400 personnes car la moitié ne viendra pas. Sans prévenir.
Heureusement, François Chausson, Vice-Président de l’Université et historien nous a fait l’honneur de sa présence. J’étais aux anges. D’autant qu’à mes côtés se tenait un panel d’intervenants représentatif de ce que nous aimons tant dans notre club : confronter entre elles des opinions diverses, pour voir lesquelles tiennent encore debout après une heure de débats.
La brillante Mahi TRAORE était là. Elle dirige avec tact et autorité l’un des imposants lycées polyvalents qui forment les élèves qui se destinent à des carrières techniques. Je cite souvent cette femme de tête qui dit ne rien avoir contre la bienveillance dont dégouline notre système éducatif tant qu’elle est associée à une exigence et un sens inflexible de la responsabilité. Écoutez-la ici.
Nicolas Pomier était là aussi. Cet ancien ouvrier devenu Vice-Président de Mutuale, La Mutuelle Familiale qui cite beaucoup plus Karl Marx qu’Adam Smith, est venu en bleu de travail histoire de faire l’intéressant. Ça a marché. Ce militant du travail et de la cause ouvrière, passionné de littérature et humaniste devant l’éternel est la preuve qu’on peut débuter à la base et s’élever socialement grâce à l’usine. Écoutez son témoignage.
Il y avait, pour couronner le tout, une philosophe qui utilise son art pour éclairer les décisions de dirigeants et deux patrons. Philippe Dénecé, Groupe intuis et Julien NOLIERE, Mutuale, La Mutuelle Familiale. Ces derniers nous ont expliqué comment ils s’y prenaient pour que les salariés de leur entreprise se sentent respectés, motivés et impliqués. L’un via une gouvernance démocratique. L’autre en mettant en place une politique managériale juste, transparente, favorisant la collaboration plutôt que la compétition interne.
Les opinions étaient diverses, je vous l’ai dit. Mais, si elles divergeaient sur certains points, toutes s’accordaient sur le principal : L’absolue nécessité de célébrer à nouveau la noblesse des métiers manuels, des carrières techniques, des activités de production. Pour que ceux qui les pratiquent soient fiers. Car, comme l’a récemment dit Louis Gallois dans l’une de nos assemblées : « produire est un acte citoyen ! ».
