Chères résistantes, chers résistants, chers soutiens.
Hier, j’ai été voir Napoléon. Je me suis installé dans la salle du cinéma le plus proche, pop-corn en main. Mes enfants étaient là, mais lui n’est pas venu. Tout au plus ai-je aperçu l’image que s’en est fait un réalisateur anglais, visiblement plus amateur du Duc de Wellington et de Waterloo que de Bonaparte et d’Austerlitz.
J’ai vu 2h40 de belles images, de costumes d’époque et de divagations historiques. L’histoire de cet homme sans envergure, au courage incertain, obsédé par une femme bien plus brillante que lui, devenu empereur presque par hasard ne pouvait être celle de l’enfant chéri de la victoire.
Bonaparte n’était pas un de ces individus lisse et consensuel qu’aime tant notre époque. Ses actions et déclarations n’étaient pas toutes pétrie de pensée inclusive. Certains même chuchotent qu’il se moquait pas mal de l’urgence climatique. Il avait, par ailleurs, indéniablement du sang sur les mains.
Ridley Scott aurait pu choisir certains des immenses défauts que cette immense personnalité avait pour les dénoncer.
Cela aurait été de bonne guerre. Mais faire passer celui que ses aïeux (les Anglais) appelaient l’Ogre pour un quasi dépressif en manque de routine de développement personnel n’est franchement pas fair-play.
Alors, dans un pays souvent pris par l’envie de déboulonner ses plus glorieuses statues et en attendant qu’un réalisateur français vienne relever l’honneur national, voici quelques lignes (choisies) de Napoléon lui-même. Leur lecture aurait pu rappeler à Ridley Scott que ce petit Corse avait un charisme bien supérieur à celui du triste héros de son bien décevant film.
« Soldats ! Je suis content de vous. Vous avez à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité ; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire. Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs. (…)
Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister à votre choc.
Et désormais vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette troisième coalition a été vaincue et dissoute (…)
Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre. Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France. Là vous serez l’objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire « J’étais à la bataille d’Austerlitz », pour que l’on réponde, « Voilà un brave ».
Voilà ce qu’aurait dû dire Joaquin Phoenix plutôt que ses longs silences gênés et ses mornes déclarations.
On dit souvent que l’histoire est écrite par les vainqueurs. Ce qui leur permettrait de faire passer aux générations futures, leur version des faits. Mais cette idée est fausse. L’Histoire est, en réalité, transmise à la postérité par ceux qui prennent le soin de la raconter.
Un peu comme ce que nous devrions faire concernant l’industrie : chanter ses louanges à tue-tête pour éviter que ses détracteurs n’aient le monopole de son récit.
Maintenant que notre indispensable fierté nationale est rétablie (clin d’œil à ceux qui rédigent les programmes scolaires : oui, la fierté d’un peuple, c’est important), nous pouvons revenir sur les informations de la semaine.
Et aussi « Je gagne mes batailles avec le rêve de mes soldats. »