C’était hier le deuxième anniversaire de France 2030. Si la lecture d’un article des Échos consacré à ses premiers résultats m’a mis du baume au cœur, le programme piloté par Bruno Bonnell tenant ses objectifs avec rigueur et exigence, ses effets n’ont pas duré bien longtemps. Car, juste après, je me suis plongé dans le récent rapport produit par La Fabrique de l’industrie. L’ambiance qui y était décrite n’était clairement pas la même.
25 des 54 milliards prévus ont déjà été engagés dans 3 200 projets.
Voilà pourquoi. Commençons par les bonnes nouvelles !
« France 2030 a réussi le pari de redonner confiance à la France dans sa capacité d’innovation », déclarait Bruno Bonnell dans les Échos.
25 des 54 milliards prévus ont déjà été engagés dans 3 200 projets. Et ce sur tout le territoire français. Avantage à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, suivi par la Région Hauts-de-France. Toutes deux affichent leurs ambitions industrielles.
Seuls 30% des dossiers présentés ont été sélectionnés. On est donc loin d’une logique de saupoudrage en vue de soutenir les entreprises et maintenir l’emploi à court terme. France 2030 assume être un programme d’excellence. La démarche est donc parfaitement rationnelle.
Cette sélectivité se sent notamment dans le choix des secteurs.
Les microprocesseurs, notamment. Ceux qui sont capables de faire tourner l’IA ne sont aujourd’hui motorisés que par les processeurs de l’Américain Nvidia. Vu la vitesse à laquelle se répand cette technologie, cela pose un problème évident de souveraineté. Le gouvernement veut que la France soit visible sur ce sujet dans les toutes prochaines années. Amen.
Les voitures électriques : 1,5 million d’entre elles sont déjà produites en France chaque année. Le plan en voulait 2 millions en 2027.
Les choses avancent également dans l’hydrogène vert et le nucléaire, ainsi que dans le médical. Ces deux dernières années, la France s’est mise à produire trois nouveaux biomédicaments majeurs. Ceci portant leur nombre à 8 sur les 20 espérés en 2027. Bref, les choses avancent !
Ce sont les grands groupes qui déposent le plus de brevets pas les start-ups.
Malheureusement, nous partons de tellement loin que la route est encore longue ! La désindustrialisation a tant fragilisé nos structures d’innovation que la France n’apparaît sur aucun podium concernant les principaux secteurs d’innovation verte.
On peut espérer que cela soit une question de temps. On peut se dire qu’il faut bien partir de quelque part. Mais il y a aussi des éléments structurels qu’il faudra du temps à remettre en route.
On a notamment cru que la « start-up nation » allait nous remettre sur les rails. Mais La Fabrique de l’industrie est formelle. Ce sont les grands groupes qui déposent le plus de brevets pas les start-ups. Même si ces dernières jouent un rôle important.
La France compense en partie cette carence grâce à l’impact de sa recherche publique. Mais cela ne suffit pas.
Bref, petits et grands, on a encore du boulot !