En tout cas, de nombreuses entreprises travaillent à changer cet état de fait.
C’est le cas des Les Tissages de Charlieu. Cette PME de la Loire a lancé une ligne pilote pour transformer des déchets textiles en fils. Elle le fait en collaboration avec SYNERGIES TLC, spécialiste de la collecte de vêtements.
Ils ont déjà ouvert une « ligne témoin d’effilochage de balles textiles usagées dans le Rhône », écrivent Les Échos dans un article du 19 janvier.
L’initiative, soutenue par Auchan Retail et SYSTEME U, vise à créer dix usines de recyclage en France.
Charlieu, petite ville à côté de Roanne, est l’archétype de ces villes moyennes frappées de plein fouet par la désindustrialisation de ces dernières décennies. Elle en porte encore les stigmates, visibles comme le nez au milieu du visage.
Elle trouve aujourd’hui un nouvel élan dont, espérons-le, ce projet n’est qu’une avant-garde.
Cette usine moderne aux machines à tisser toutes neuves produit des cabas pour Auchan et Système U.
Il nous arrive ici de critiquer les grands distributeurs pour leur comportement envers nos PME régionales. Leurs négociations sont souvent dures, leurs décisions parfois brutales.
Mais ici, nous devons reconnaître que les choses ont été bien faites : ces deux enseignes ont apporté l’élément le plus précieux qu’on puisse apporter à des industriels : de la visibilité.
Les deux enseignes ont commandé des volumes connus pour les cinq ans à venir. Cette stabilité est une donnée indispensable à l’émergence d’alternatives écologiques. Ici, leur investissement de 17 millions d’euros dans le projet « Indispensac » permettra de faire rapidement disparaître les sacs en polypropylène.
Aujourd’hui, le fil recyclé pour ce type de produits est importé. L’objectif est de construire une filière de recyclage française. Et nous avons de quoi faire, car la matière première est là. En France, on consomme plus de 800 000 tonnes de textile par an, mais seulement un tiers est collecté, nous apprennent les Echos.
Cet investissement met en valeur des technologies avancées. Les machines utilisées sont capables de distinguer les matières pour les transformer en nouvelles fibres. Leur capacité initiale est de 1 000 tonnes par an.
Deux filateurs dans les Hauts-de-France vont réutiliser ces fibres pour créer du fil. D’ici 2025, il est prévu d’ouvrir environ 10 usines de recyclage, avec un investissement de 20 millions d’euros chacune.
Les Échos rappellent qu’une usine similaire, Renaissance Textile, existe déjà à Laval. Elle associe Les Tissages de Charlieu et Mulliez-Flory. L’objectif est de produire des matériaux recyclés à des prix compétitifs et de qualité comparable aux matières premières vierges.
Réjouissons-nous, les amis, une filière industrielle sort de terre sous nos yeux !