Chers résistants, chers résistants, chers soutiens,
Il y avait dans l’actualité politique de cette semaine de nombreux mouvements d’humeur dans lesquels nous aurions pu tremper notre plume afin d’agrémenter la lecture de notre traditionnelle infolettre.
Mais en dépit de la créativité de nos concitoyens en matière de revendications démonstratives, d’envois de soupe sur la Joconde ou autre blocage d’autoroute, nous avons choisi, une fois n’est pas coutume, un événement interne aux FFI comme fil rouge de ce texte.
Il faut dire que mardi dernier, l’invitée d’honneur de notre dîner était l’une des grandes voix de la réindustrialisation : Anaïs Voy-Gillis.
Nous étions reçus par La French Fab, dans les locaux de Bpifrance. Et, après l’impeccable discours d’accueil de Julien Noronha qui soulignait que chaque entrepreneur, chaque militant de l’industrie française devait se sentir légitime à porter le coq bleu de la French Fab…
… Après l’exhortation d’un Gilles ATTAF enflammant les foules, afin qu’elles rejoignent le combat pour le made in France…
… Après les annonces de Laurent Moisson qui ont conduit une partie de l’assistance à vérifier ce qu’il voulait dire en consultant leur smartphone…
… Anaïs Voy-Gillis a dressé un panorama complet de l’état d’avancement du vaste projet de renaissance industrielle poursuivi par notre gouvernement.
« Gilles m’a demandé d’être positive. Je ne vous promets rien, mais je vais essayer. »
Quand un discours commence ainsi, on se rend bien compte que la situation qu’il va décrire n’est pas si simple. Et, si on en croit l’analyse de l’évolution du cadre réglementaire que cette chercheuse de l’université de Poitiers nous a livrée… Les choses ne vont pas se simplifier de sitôt.
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Car Mesdames et Messieurs, après les ruades et les coups de sabots lancés par les agriculteurs contre les excès de réglementation, après les avertissements d’ Alexandre Saubot, président de France Industrie sur le même sujet… Les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) sont arrivées.
Elles sont un peu comme toutes ces tentatives pour faire mieux quand on fait déjà très bien. C’est-à-dire qu’elles risquent d’être contre-productives tant elles sont tatillonnes.
« Je les ai lues plusieurs fois et je me demande encore si je les ai comprises, nous avouait Anaïs Voy-Gillis, du haut de son PhD et de son haut niveau d’expertise. Je ne sais pas comment vont faire les chefs d’entreprise pour les implémenter. »
« À la limite, les grands groupes sont organisés pour, a-t-elle rappelé. Mais pour les patrons de PME et ETI, c’est autre chose. »
Bref, la légendaire charge administrative qu’on fait peser sur nos entreprises n’a pas l’air partie pour subir un choc de simplification.
Et c’est dommage, car Anaïs Voy-Gillis a souligné à plusieurs reprises l’importance des opérations de décarbonation pour l’industrie française.
« Le sujet est clé pour renforcer l’acceptabilité de l’industrie. Pour qu’elle soit mieux accueillie par les populations, l’industrie doit démontrer qu’elle est compatible avec l’environnement. »
Cet avis est corroboré par les récents travaux de notre Lab FFI. Il vient de mettre en ligne un dossier complet qui montre que les Français ont encore une image passéiste de leur industrie. Notamment parce qu’ils pensent qu’elle nuit à l’environnement. (L’étude est disponible ici).
Il y a donc un travail d’éducation à faire. Car, a rappelé Anaïs, l’étude de l’INSEE d’octobre 2023 est très claire : « Produire en France contribue à faire baisser les émissions mondiales de CO2. »
Parce que nous avons des normes de production qui sont déjà parmi les plus exigeantes du monde (quand on arrive à les comprendre).
Et parce que nous disposons d’une énergie largement décarbonée. « Il faut 50 à 60 g de CO2 pour produire un kWh d’électricité en France contre 350-400 g en Allemagne et au-delà de 700 g en Pologne. Donc, dès qu’on consomme de l’électricité, on est mieux disant en France. Tout l’enjeu va donc être de faire évoluer le mix énergétique des entreprises françaises vers l’électricité. »
Autre point important rappelé par Anaïs Voy-Gillis : « Plus on produit sur le territoire, mieux on maîtrise notre trajectoire de décarbonation. Parce qu’ainsi on peut maîtriser notre cahier des charges et limiter la part des émissions importées. Ces dernières représentent 50 % de notre bilan carbone. »
Nous avons donc de l’avance en matière de décarbonation.
Pour la chercheuse de l’Université de Poitiers, la question va donc être de savoir comment garder cette avance. « Les autres pays se sont élancés pour réduire les leurs. Il est complètement faux d’imaginer que des acteurs comme la Chine ne font rien pour décarboner leur production. »
La course est lancée, donc. Et, à écouter Anaïs Voy-Gillis, on se rend compte que laisser nos législateurs édicter des normes incompréhensibles ne suffira pas pour la gagner.
« On continuera à faire baisser nos émissions par l’identification de ruptures technologiques, par le changement de procédés très émetteurs. Comme la noue dans la production d’aluminium, comme certaines étapes de la production de ciment. »
Il y a aussi, et là Anaïs a touché notre sensibilité sur le sujet, un enjeu de solidarité entre les entreprises. « Il va falloir jouer collectif. »
Je n’ai pas d’image exploitable de Gilles ATTAF prise à ce moment précis. Notamment parce qu’il a tellement hoché la tête quand le mot « collectif » a été prononcé que toutes les photos prises sur le vif sont floues.
Jouer collectif, donc. En se demandant notamment « Comment les clients peuvent travailler avec leurs fournisseurs pour les aider à réduire leurs émissions. Comment les entreprises peuvent réduire leurs besoins, peuvent travailler le réemploi. »
Mais l’attention d’Anaïs ne s’est pas focalisée que sur les émissions de CO2. Pour se rendre plus acceptable aux populations, l’Industrie doit également se soucier des autres sujets environnementaux.
La pollution microplastique, la sauvegarde de la biodiversité mais aussi et surtout la question de l’eau. Cette question est en train de devenir cruciale tant les récents épisodes de sécheresse ont marqué l’opinion publique.
L’énumération des défis qui nous font face aurait pu nous faire peur. Mais comme elle l’avait promis à Gilles ATTAF, Anaïs est restée optimiste. « Notre génération a l’opportunité unique de choisir son modèle de société et de décider de ces transformations. »
Son discours était riche et je ne peux pas revenir ici sur tous les sujets évoqués (bon… vous n’aviez qu’à venir aussi, hein…).
Elle a, comme nous le faisons souvent, invité les industriels à ouvrir les portes de leurs usines. Afin que la population comprenne mieux l’utilité de ce qu’ils font. Qu’ils se rendent compte que l’ère de Zola est révolue.
D’ailleurs, on vous rappelle que notre nouveau partenaire, Novacel, nous invite à visiter leurs ateliers le 26 mars prochain. On y sera en force, aux côtés d’Arnaud Montebourg, pour saluer le succès de cette belle entreprise qui a décidé de produire tous ses verres optiques à Château-Thierry. Si vous voulez en être, inscrivez-vous ici.
Anaïs a terminé son propos par un rappel au bon sens : « La question de la production made in France ne réglera rien si on n’a pas de consommateurs qui veulent acheter des produits français. »
En prononçant ces phrases, elle a donné du crédit à tout le travail que nous faisons au sein de la Meute FFI. Pour échanger nos bonnes pratiques, nous nourrir des expertises de nos membres les plus à la pointe, afin que l’achat made in France ne soit pas qu’une question de morale et d’éthique.
Il faut des produits désirables, performants, bien positionnés d’un point de vue prix. Prochaine meute ici : inscrivez-vous.
Elle a listé un certain nombre de leviers actionnables pour y parvenir : celui de la commande publique, de l’instauration d’une culture de coopération entre PME voisines.
Jean Reignier, le patron de notre nouveau partenaire COMEARTH, a rebondi sur ses propos.
Il a montré comment son entreprise, dont le service au client est le cœur de métier, apporte des solutions aux industriels pour compléter leur savoir-faire. Le tout sans jamais avoir été chercher des baisses de prix à l’étranger : 100 % des salariés de COMEARTH sont en France.
Autre levier que nous évoquons souvent : l’investissement. La mobilisation de l’épargne des Français, la dynamisation des investissements corporate sont des sujets sur lesquels il nous faut progresser.
Ce dernier point était l’occasion d’accueillir un de nos nouveaux membres et partenaires : Largillière Finance. Cette banque d’affaires était représentée par son patron, Paul Bougnoux. Il est venu apporter son soutien à notre cause et voir dans quelle mesure son savoir-faire pouvait contribuer à faire grandir nos PME nationales.
Les lieux étaient magnifiques, le coucher de soleil également. Nous avons donc terminé la soirée en partageant des mets raffinés… En ayant pris soin de ligoter le barde avant, comme il se doit.
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