Je viens de lire ce passionnant article de Bertille Bayart et Elsa Bembaron. On peut y découvrir l’épopée qu’ont vécue ces turbines, de leur vente par Alstom à GE, jusqu’à leur rachat par EDF annoncé par le gouvernement.
Au cœur de ces deux transactions aux effets opposés, un même décideur : Emmanuel Macron. Il était ministre de l’Économie lors de leur vente et chef de l’État lors de leur rachat.
Entre temps, le monde de l’énergie a changé et le regard du monde politique sur le sujet aussi.
Cette acquisition permet à EDF de contrôler à nouveau l’ensemble du cycle nucléaire en France, écrit le Figaro. Une intégration verticale que l’Europe avait souhaité voir démantelée avant que la France décide enfin de se faire respecter sur le sujet.
Aujourd’hui, notre énergéticien, désormais nationalisé à 100%, reprend la main sur des actifs stratégiques pour la production d’énergie nucléaire et la propulsion navale. Il renforce ainsi l’indépendance, la souveraineté et la sécurité énergétique de la France. De la fabrication des turbines à leur maintenance, EDF sait, à nouveau, tout faire.
En tout, 3300 emplois, principalement en France, sont concernés par cette transaction. Les activités de maintenance et de construction des turbines Arabelle sont concernées par l’accord.
L’histoire de ces turbines, c’est un peu la chronique banale d’une erreur corrigée, pourrait-on se dire. La lecture de cet article nous plonge au contraire dans un passionnant récit.
On y voit comment, suite à l’annonce de GE qui déclare renoncer à ses activités dans le nucléaire, l’État français et EDF se sont mis en ligne pour récupérer la propriété de ces actifs stratégiques. Et, visiblement, les rebondissements ont été nombreux.
On constate au passage à quel point les décisions stratégiques se contredisent, d’une décennie à l’autre :
– Chez les grands groupes : GE sort du nucléaire après s’y être considérablement renforcé.
– Au sommet des États : la France de François Hollande voulait baisser sa production nucléaire. Son ministre de l’Économie, devenu président, veut au contraire reconstruire des centrales et renforcer son statut de puissance nucléaire.
On se souvient que l’accord entre EDF et GE avait été annoncé en février 2022.
Mais la guerre en Ukraine a compliqué la situation. Elle mettait en péril l’opération en raison des sanctions contre la Russie, elle-même client des turbines Arabelle.
Il n’était donc pas question, pour l’État, de payer un actif au prix fort alors que les sanctions internationales et la pression américaine menaçait couper la future filiale d’EDF d’un de ses clients majeurs.
Les négociations, suivies de près par Bruno Le Maire, nous apprend Le Figaro, ont alors pris des allures de « ballets diplomatiques » entre Paris et Washington. Jusqu’à ce que toutes les incertitudes soient levées et les prix revus.
C’est aujourd’hui chose faite.