Il y en a qui n’ont plus aucun respect de rien… À peine sortis des jeux paralympiques dont le monde entier a salué la splendeur et la qualité de l’organisation, Mario Draghi nous claque la porte de la parenthèse enchantée en plein visage.
Le Figaro d’hier résumait le rapport sur la compétitivité européenne que l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) vient de rendre public. Il est alarmant.
Son auteur appelle à un sursaut urgent pour éviter une « crise existentielle ». Sans compétitivité, prévient-il, l’Europe ne pourra pas atteindre ses ambitions de transition climatique et de bien-être social. Elle devra revoir à la baisse tous ses objectifs civilisationnels.
Mandaté par Ursula von der Leyen en 2023, ce rapport de 400 pages propose des recommandations pour les cinq prochaines années.
Draghi y pointe le sous-investissement de l’UE qui, selon lui, devrait investir 800 milliards d’euros supplémentaires chaque année. C’est 5 % du PIB. Ceci afin de ne pas se laisser distancer par les États-Unis et la Chine. Car eux, toujours obsédés par leur duel pour le leadership mondial, n’y vont pas par quatre chemins pour aider leur industrie.
L’écart de compétitivité entre l’Europe et les grandes puissances est préoccupant. L’Europe accuse un retard face aux États-Unis et à la Chine en termes de PIB, d’investissements et de développement technologique.
Concrètement, ça veut dire quoi ? Lisons ce passage du Figaro :
« En termes de startup, 30 % des licornes européennes se relocalisent à l’étranger, majoritairement aux États-Unis. Sur les 50 premières entreprises mondiales de la tech, seules quatre sont européennes. Plus encore, « aucune entreprise européenne ayant une capitalisation boursière supérieure à 100 milliards d’euros n’a été créée au cours des cinquante dernières années, alors que les six entreprises américaines ayant une valeur supérieure à 1000 milliards d’euros ont toutes été créées au cours de cette période ».
Draghi identifie trois priorités : l’innovation, la décarbonation et la sécurité énergétique et économique. Il appelle à mieux financer les industries européennes, à transformer la transition énergétique en atout et à réduire les dépendances stratégiques de l’UE, notamment en matière de chaînes d’approvisionnement et de politique commerciale.
Le rapport critique les obstacles internes à l’innovation, notamment la bureaucratie et les prix élevés de l’énergie.
Draghi recommande de réformer les règles de concurrence pour faciliter la consolidation du marché, d’améliorer le financement des entreprises via l’union des marchés de capitaux et de renforcer l’indépendance économique de l’UE. Il insiste aussi sur un besoin accru de financement commun pour soutenir l’innovation et les infrastructures.
Bref, il y a du boulot. Vivement qu’on ait un gouvernement !