On a tout entendu sur cette affaire de vente des usines françaises de Doliprane.
Les souverainistes ont crié à la trahison. Les en-même-temptistes ont dit que l’État négociait des garanties protégeant emplois et approvisionnements en médicaments. Et ceux qui connaissent les pratiques des fonds d’investissement américains face aux garanties exigées par les États ont beaucoup ri. Dans le monde de la finance, il faut savoir compter jusqu’à 51 %… Sauf quand on décide de se servir de dispositifs efficaces, comme le « décret Montebourg ».
Ce dernier permet de s’opposer au rachat d’entreprises de secteurs dits « stratégiques » par l’étranger. Les Américains le font régulièrement. Mais nous, on est timide… Son auteur rappelle que nous ne l’avons utilisé que 3 fois en 20 ans.
Alors, qu’attend-on ? L’interview d’Arnaud Montebourg dans le Figaro montre qu’en réalité, c’est beaucoup plus compliqué que ça.
L’Europe produisait encore 2/3 des principes actifs qu’elle consommait en 2000. Aujourd’hui, elle n’en produit qu’entre 20 et 40%. Le reste est produit en Inde ou en Chine.
Pourquoi ? Car produire des médicaments en Europe présente un surcoût de 20 à 40 %. Notamment parce que nous avons imposé à nos industriels des normes environnementales qui ne sont pas appliquées en Asie. Là-bas, nous dit Arnaud Montebourg, des études ont relevé des concentrations d’antibiotiques dans les rivières proches des usines 1 million de fois plus élevées que dans les eaux usées européennes.
Nous acceptons donc :
– Une délocalisation de notre pollution en Asie.
– La fermeture de nos usines.
– Un risque de pénurie de médicaments quand les chaînes d’approvisionnement mondiales bugguent.
le tout pour baisser le prix des médicaments que nous surconsommons. Greta, plutôt que bloquer l’autoroute, tu pourrais regarder ça, s’il te plait ?
« Le prix moyen des médicaments remboursables a diminué de 49 % entre 2000 et 2021, alors que le coût de la vie a augmenté de 33 % sur la même période », poursuit Arnaud Montebourg.
L’ancien ministre n’est pas défaitiste pour autant. Selon lui, rien n’est impossible :
« L’État a aidé la relocalisation de la production par Seqens (ex-Rhodia) sur ce même site de Roussillon avec l’aide de Sanofi et Upsa, qui se sont engagés à acheter le principe actif relocalisé. Cette relocalisation s’appuie sur deux ans de recherche et développement pour concevoir une méthode de production plus compétitive et moins polluante pour être au même niveau de coûts que les Asiatiques. »
S’il ne nie pas les efforts gouvernementaux pour ramener en France la production des médicaments les plus critiques, cette production ne pourra pas trouver preneur si la Sécurité sociale poursuit sa politique du moindre coût.
Bref, Kafka, les Shadoks…