« Fin du monde, fin du mois, même combat ! »
Vous souvenez-vous de ce slogan qui semblait faire converger la lutte des classes avec celle contre le réchauffement climatique ?
L’annonce récente de Volkswagen achève de nous convaincre qu’il n’en est rien.
Car le plan d’économies dévoilé par l’AFP chez ce géant de l’automobile fait frémir par son ampleur. Jugez plutôt :
– Fermeture d’« au moins trois usines en Europe ».
– Suppression de milliers d’emplois.
– Baisse de 10 % de l’ensemble des salaires de l’entreprise…
En cause : l’interdiction par l’Union européenne des voitures à moteur thermique en 2035.
Malgré la sidération qu’elle avait générée dans le secteur automobile…
Malgré les coups de colère des patrons du secteur qui parlaient de folie destructrice d’un secteur florissant…
… Cette décision avait été saluée par des cris de victoire par de nombreuses personnalités politiques et associations en Europe.
On parlait alors d’une décision « responsable », « courageuse » même, plaçant l’Europe en tête de la décarbonation de ses transports.
Quelques années plus tard :
– Les voitures électriques vendues sont de plus en plus importées de Chine.
– Malgré cela, elles coûtent encore trop cher pour que les classes populaires puissent se les offrir. Et elles ne rivalisent toujours pas avec les voitures thermiques en matière d’autonomie.
Bilan, le parc automobile européen vieillit à vue d’œil, remplaçant plus lentement qu’avant ses voitures les plus polluantes. Et l’alternative des moteurs thermiques plus économes a été abandonnée.
Un sans-faute de dogmatisme.
Comme promis : plus d’article FFI sur l’automobile sans citer Patrick BELLITY. Face à la dépêche de l’AFP, cet expert lâche, une terrifiante complainte :
« Si Volkswagen le fait, tous les constructeurs vont lui emboîter le pas pour ne pas lui laisser l’avantage d’avoir restructuré avant tout le monde. Le gouvernement allemand peut chouiner, mais il est grandement responsable, avec les autres Européens, de cette situation catastrophique de l’industrie automobile européenne. »
Selon lui, le « courage » salué il y a quelques années aurait été :
– De résister aux militants et à ceux qui affirmaient qu’on pouvait passer, en 15 ans, d’une technologie optimisée depuis un siècle à une autre dont on ne connaissait rien.
– D’orienter les constructeurs et le marché vers des moteurs thermiques à faible émission.
– De laisser le temps à l’alternative électrique d’arriver techniquement à maturité en Europe.
« Le plus fou, c’est le silence de ceux qui savaient que ce serait impossible en si peu de temps, mais qui sont restés muets. C’est comme si la pression écologiste les avait rendus somnambules. Et maintenant, c’est la pression de la rue qu’ils vont avoir, et celle-là, elle va leur demander des comptes », conclut Patrick BELLITY.