Tel est le titre d’un passionnant article qu’Armelle Bohineust et Fabrice Nodé-Langlois ont publié dans le Figaro.
À quelques jours de leurs élections, on a l’impression que deux Amériques s’affrontent. Mais à regarder de plus près, elles s’opposent surtout sur des valeurs sociétales.
Pour le reste, sur ce qui fonde la puissance américaine, les deux camps sont globalement d’accord. Cela leur permet, malgré les alternances, de mener une politique de long terme sur tous les éléments d’intérêt national.
Bilan, les États-Unis demeurent la première puissance économique du monde. Et, loin de voir leur étoile se ternir, ils gagnent du terrain sur leurs concurrents. Ainsi, la part des US dans le PIB mondial est passée de 25 % en 1980 à 26 % en 2023. Tandis que l’Europe a chuté de 30 % à 17 %.
L’émergence de la Chine s’est donc faite à nos dépens, pas aux leurs.
Les auteurs de l’article listent leurs principaux facteurs de réussite. Je retiendrai ceux-ci :
– Une capacité d’innovation exceptionnelle où leur énorme secteur financier (leur ennemi n’étant pas la finance), appuyé par de l’argent public, sait prendre des risques pour inventer ce qui fera le monde de demain. Eux assument le fait de voir des startups se planter malgré des milliards investis, car cela permet de fabriquer les champions de demain.
– Une politique pragmatique sur l’économie en général, notamment sur l’énergie. Les Américains sont de grands moralisateurs, mais cette morale ne va pas encombrer la performance de leur économie. Ainsi se sont-ils constitués, malgré la pression du monde, un trésor énergétique fait de gaz et de pétrole de schiste. Il leur permet d’offrir une énergie abondante et bon marché aux industriels qui s’y installeraient, et d’en exporter chez nous, qui avons pourtant décidé de ne pas en produire chez nous.
– Une recherche systématique de la simplicité (au risque du simplisme, certes). Leurs dispositifs d’aide publique ne sont pas soumis à mille formalités, critères ou demandes de contreparties : l’IRA, par exemple, vaste politique de subvention à l’industrie, est simple et rapide à activer, bien plus que notre France 2030.
L’ensemble de ces éléments a permis à la productivité américaine de progresser beaucoup plus vite que la nôtre : +70 % depuis 1990, contre +29 % en Europe. Elle est désormais supérieure de 30 % à la notre.
L’ensemble de ces éléments crée un cercle vertueux qui fait que, leur système étant gagnant, il attire les investisseurs et les talents du monde. Ils viennent, dans une croissance démographique réelle alors que la population européenne stagne, apporter leur pierre à la croissance du pays.
Bref, on adore critiquer ces curieux maîtres du monde. Mais force est de constater que, dans notre snobisme, nous devrions parfois nous demander ce que nous pourrions apprendre d’eux. Car, ces dernières décennies, ils nous ont mis loin derrière. On continue ?