Il y a deux jours, ArcelorMittal annonçait qu’il ne lancera pas les travaux de décarbonation de son site de Dunkerque.

Il était question que le géant indien investisse 1,8 milliard d’euros pour construire deux fours électriques et une unité de réduction directe de fer. Ceci pour produire de l’acier décarboné, comme le lui imposent les engagements pris par notre pays lors de la COP21.

La transformation du minerai de fer devait s’y faire avec de l’hydrogène bas carbone à la place du charbon utilisé aujourd’hui. Ce qui aurait grandement réduit les émissions de CO2 de la région.

Souvenez-vous, ce projet faisait partie des 50 contrats de transition écologique passés entre l’État et les 50 sites industriels les plus polluants de France. Le site de Dunkerque émettant à lui tout seul 3 % du CO2 industriel.

Cela avait été présenté par le précédent gouvernement comme un enjeu majeur de notre réindustrialisation. Alors, l’État avait accepté de mettre la main à la (notre) poche en prenant en charge la moitié des sommes nécessaires, soit 850 millions.

Et, il y a deux jours, patatras. Voilà que cette entreprise, pourtant largement subventionnée, refuse d’avancer plus loin.

Pourquoi ? Parce que dans l’industrie comme dans le reste de l’économie, on ne remplace pas des clients par des subventions…

Or vus :
• Les coûts nécessaires à la décarbonation de la production d’acier. Par exemple, l’hydrogène utilisé pour produire de l’acier décarboné est cher.
• Le peu de protection du marché européen vis-à-vis d’une concurrence internationale non soumise à ces contraintes.
• Les fermetures d’usines de gros clients européens comme dans le secteur automobile, notamment du fait des décisions de l’UE entravant leur compétitivité et leurs volumes de vente…

… La demande pour l’acier européen est en baisse depuis plusieurs années et risque de s’effondrer.

Certain viennent à penser que l’Europe organise elle-même l’échec des usines qu’elle contribue à financer.

C’est une très mauvaise nouvelle pour Dunkerque. Car 25 % des familles travaillent directement ou indirectement pour ArcelorMittal selon Les Échos.

De nombreux autres projets de décarbonation tombent en ce moment. Pour les mêmes raisons : faute de prix compétitifs, leurs produits ne trouvent pas de demande.

Le cabinet du nouveau ministre de l’Industrie affirme que Marc Ferracci est conscient du problème et qu’il prêchera énergiquement, ce jeudi, pour un renforcement de la protection du marché européen.

En attendant, il est urgent d’écouter les industriels. Ils répètent depuis des années qu’aucune politique de décarbonation ne sera durable si elle se fait au détriment de la compétitivité de nos usines.

En affaire, l’éthique ne suffit pas. Il faut de la performance aussi. D’autant que les normes et les contraintes touchent trop souvent uniquement nos entreprises.

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