C’est la phrase qu’a lâchée, dépité, Laurent Marck, directeur général de Marck & Balsan. Son usine de Calais, qui fabrique des uniformes pour l’armée française, va fermer. (Merci Franck GLASER, ambassadeur FFI, pour l’alerte.)
Marck & Balsan vient de perdre un appel d’offres pour équiper nos soldats, face à une entreprise qui va fabriquer… à Madagascar. En partie seulement, déclare son dirigeant. » 90 % de la valeur ajoutée va être produite en France », promet-il alors que son entreprise emploie 75 % de ses collaborateurs sur l’île africaine.
En attendant, sous trois mois, 65 emplois de fières ouvrières auront donc disparu. Nombre d’entre elles y travaillent depuis des années.
Ce n’est pas grave, on leur donnera des allocations… vont sans doute nous dire ceux qui défendent encore notre système.
Un système qui fait que « produire en France, c’est 70 % plus cher », rappelle Laurent Marck à France 3. Avant de poursuivre par ces mots laconiques :
« C’est un choix politique. Plutôt que d’indemniser des chômeurs, on ferait mieux de payer des employés dans les usines. »
Car, de l’autre côté, notre appareil d’État, dont les lourdeurs, les prélèvements et les règlements font une partie de cette différence de prix, ne protège pas les entreprises qu’il contraint. (Barrières douanières ? Préférence nationale ?).
« Les acheteurs publics achètent au meilleur prix en raison des contraintes budgétaires », disait le directeur général au Figaro il y a deux jours.
La schizophrénie de notre système aura peu à peu déshabillé l’usine de ses clients. En 1999, elle « travaillait alors pour la SNCF, la RATP, etc., mais a perdu ces marchés publics au profit d’entreprises qui délocalisent », peut-on lire sur le site de France 3.
Tout ceci est dramatique… Mais personne ne prend vraiment le sujet en main.
Et nous, électeurs, nous nous perdons en polémiques. Nous critiquons les grands patrons qui alertent (ils gagnent plein de sous, donc ils doivent nous mentir quelque part) et ignorons les cris des petits qui se noient.
C’est dans cette ambiance de fin du monde que, le 5 février prochain, j’ai été invité à intervenir à l’événement TECH&FEST de Grenoble.
Le sujet ?
« Décarboner vos entreprises industrielles ? Il n’y a plus une journée à perdre. Un moyen de limiter son empreinte, mais aussi d’engager ses collaborateurs dans une démarche collective qui ne doit laisser personne sur la touche. »
J’ai prévenu que je ne serais pas très sympa sur le sujet. Mais l’animateur de la table ronde, Guillaume Buffet, et l’organisation de TECH&FEST m’ont répondu qu’ils voulaient entendre une diversité d’opinions.
Je salue leur ouverture d’esprit ! Et leur promets que je ne les décevrai pas en matière de dissonance.
Venez m’écouter parler à ceux qui veulent ajouter toujours plus de normes à une industrie qui crève de leur exigence morale.