Fondateur de Expensalys, Nicolas Donnaint est un spécialiste de l’optimisation des achats indirects et l’ambassadeur F.F.I des Hauts de France. Il est aussi le co-fondateur d’Industryland. Rencontre avec ce passionné d’industrie et de ballon rond.
- Les Forces Françaises de l’Industrie : Nicolas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots.
- Nicolas Donnaint : « J’ai 45 ans. Je suis natif de Valenciennes et j’ai une fille de 8 ans. Je suis titulaire d’une maîtrise de langues étrangères appliquées (anglais et espagnol) que j’ai obtenue à l’Université Polytechnique Hauts de France en 2000. Plus que les langues, c’était le côté pluridisciplinaire qui me plaisait et qui m’a attiré vers ce cursus. Notamment, les matières d’économie, marketing ou encore les mathématiques-statistiques. J’adore travailler avec les chiffres et surtout les « faire parler » dans excel. J’ai monté deux structures : Expensalys et j’ai co-fondé Industryland. Je suis également un passionné de foot et j’ai été nommé il y quelques jours trésorier de Wasquehal Football, club de National 2. »
« J’ai eu une première vie de salarié »
- Les F.F.I : Avant de lancer ces différentes activités, vous avez eu une première vie de salarié.
- N.D : « Oui, je suis rentré rapidement dans la vie active après mes études. J’ai débuté dans les assurances – Axa-. Je n’y suis resté qu’un an car travailler avec les particuliers, ce n’était vraiment pas mon truc. Je suis alors venu à Paris, où j’ai eu un premier poste dans les achats, pour une filiale de Carrefour. J’avais un poste de coordinateur national des approvisionnements. Au bout de deux ans et demi, j’ai eu « le mal du pays » et une opportunité chez Pomona m’a permis de revenir dans ma région. C’est Sofinor, société de 80 salariés pour quinze millions d’euros de chiffre d’affaires qui, en 2005, m’a permis de réaliser mes premiers pas dans l’industrie. J’ai pris un poste de directeur des achats, et m’occupais de tout ce qui rentrait dans nos fabrications (tôles, tubes, roulettes, glissières, serrures …etc.). Au bout de cinq ans, j’ai eu le sentiment d’avoir fait le tour de la question, mais j’avais surtout une belle idée en tête. J’ai démissionné en mi-2010 et j’ai peaufiné le business-model d’Expensalys, que j’ai lancé début 2011. »
- Les F.F.I : Avec quel objectif ? Où êtes vous basé ?
- N.D : Notre mission, c’est d’accompagner des PME et des PMI dans l’optimisation des achats qu’on appelle indirects (électricité, gaz, télécoms, transports…etc.). Nous amenons des économies, du sourcing, éventuellement des ressources, mais surtout de la hauteur et des outils spécifiques que nos clients, tête dans le guidon, ne peuvent pas forcément avoir. Les frais généraux ne passionnent pas les foules. Or, ils peuvent receler d’importants gisements d’économies ! Notre clientèle compte aujourd’hui 120 clients industriels, majoritairement dans les Hauts de France. Mais nous en avons aussi à Dijon, Brest, Nice, Toulouse, Paris ou Lyon. Qu’importe où ils sont. Nous avons tous les outils pour travailler à distance dans toute la France. Je suis basé à Roubaix ».
« J’ai rencontré les F.F.I via LinkedIn »
- Les F.F.I : D’où vous vient cet intérêt-passion pour l’industrie ?
- N.D : « J’ai découvert l’industrie lorsque je suis rentré chez Sofinor. J’étais au cœur du réacteur, mon bureau était au-dessus des ateliers. J’étais un acteur de la fabrication, c’était magique. On avait une ligne automatisée Salvagnini de 35 mètres de long, qui permet de travailler rapidement les feuilles de métal : poinçonnage, découpe et pliage. Ensuite, des équipes étaient chargées des finitions, de la soudure, du meulage. D’une simple feuille de métal, on en sortait un produit fini et le résultat était toujours beau à voir (des meubles de cuisine professionnelle, des armoires, des rôtissoires, …etc.). J’ai également découvert à quel point des équipes pouvaient être passionnées par leur travail et l’enthousiasme avec lequel elles en parlaient. Il m’est aussi impossible d’oublier cette affichette, qui disait : « Pensez à prendre de jolies photos des beaux produits que vous fabriquez ! » C’est touchant, non ?
- Les F.F.I : Et notre mouvement, comment s’est fait la rencontre ?
- N.D : « C’était pendant le confinement, sur Linkedin, où je suis plutôt actif. Il y avait une FFI Académie (ce qu’on appelait à l’époque des webinaires ndlr). Puis j’en ai suivi une deuxième. C’était très intéressant. J’ai commencé à discuter avec Emmanuel Deleau puis avec Laurent Moisson et Gilles Attaf. On partage les mêmes valeurs et convictions, on a des analyses communes sur la situation (la perte de souveraineté de l’industrie française, les pénuries de masque ou de gel) et, ce qui était important pour moi, c’était d’être apolitique. Je n’aurais pas voulu être assimilé à un parti dont je ne partage pas les idées. Je n’ai pas hésité longtemps. Je n’ai même pas hésité du tout ! Cela faisait un petit moment que je voulais m’engager dans un réseau, mais aucun ne plaisait vraiment. J’ai pris ma cotisation en avril 2020, et dès que l’on a pu de nouveau se déplacer et se rencontrer, j’ai assisté à deux réunions à Paris. C’est là qu’a démarré l’histoire, cette belle histoire. Et on ne va pas s’arrêter là ! »
« Un bilan très positif sur le plan humain »
- Les F.F.I : Comment êtes-vous devenu ambassadeur F.F.I Hauts de France ?
- N.D : « Tout s’est fait assez vite, et là encore très naturellement. Mi-2021, j’ai reçu, comme les autres membres un mail nous demandant « Les F.F.I vont se développer en région : qui souhaite animer un club sur son territoire ? » Cela a fait écho tout de suite chez moi puisque par le passé j’étais membre d’un réseau que j’ai malheureusement dû quitter pour des contraintes d’organisation personnelle. Animer des équipes et des réunions, je sais faire, et je savais pouvoir emmener avec moi des clients ou contacts industriels de la région. De plus, les Hauts de France sont la troisième région industrielle de France. J’avais de quoi faire un truc vraiment sympa. On m’a présenté Séverine Tréfouel qui avait aussi répondu à l’appel. Le club s’est lancé le 16 septembre 2021, il y a un an. A date, nous sommes 12 membres cotisants sur Lille, avec du beau monde. Et nous avançons avec cinq autres sympathisants, qui devraient vite nous rejoindre. »
- Les F.F.I : quel premier bilan tirez-vous ?
- N.D : « Il est très positif sur un plan humain. Les échanges sont riches et variés. Cela m’invite à sortir aussi de ma zone de confort. On organise de beaux événements, des dîners mais également des visites de sites industriels (centrale nucléaire, entreprise textile, brasserie) Je suis un homme de conviction, d’engagement … un passionné ! Et c’est tout ça que je mets au service des F.F.I. J’apprécie aussi la pluralité des échanges avec des gens que peut-être je n’aurais jamais croisé autrement. Je ne mets pas mon business en avant, ce n’est pas l’objectif, mais je fais de belles rencontres aussi à ce niveau. »
« Le réseau se tisse lentement mais sûrement… »
- Les F.F.I : Allez vous lancer un accélérateur ?
- N.D : Nous n’en sommes pas encore là ! Mais c’est une éventualité, oui ! J’ai des bons contacts à la CCI, auprès d’industriels importants et de politiques. Le réseau se tisse lentement mais sûrement. Je suis un adepte du temps long.
- Les F.F.I : vous êtes aussi le co-fondateur d’Industryland.
- N.D : Avec cette structure, nous proposons des visites de sites industriels à un public de jeunes (accompagnés de leurs parents). Je l’ai créée avec Corinne Molina et Vincent Guerinet. Lors d’un déjeuner, on s’est demandé quelle initiative prendre pour dépoussiérer l’image de l’industrie et y attirer les jeunes. Je leur ai alors raconté cette anecdote, qui s’est déroulée en février 2020. Je savais que s’organisait la visite d’une usine fabriquant des nougats, pas loin de chez nous. J’y ai emmené ma fille, qui n’avait pas encore six ans. Je voulais lui montrer que les bonbons ne poussaient pas, comme par magie, sur les étals des supermarchés, et comment ça se fabriquait. On a passé un super moment… Deux ans après, elle m’en parlait encore. Elle m’a retracé tout le process industriel, avec ses mots à elle, mais en ayant assimilé les principales étapes (pas toujours dans l’ordre certes). Je leur ai proposé de s’en inspirer. Ils ont été super emballés ! Tout s’est enchaîné. On a multiplié les réunions et c’est comme ça qu’on a lancé Industryland, qui est une activité bénévole. Aujourd’hui, ma fille ne jure que par le Made in France ! Je l’emmène évidemment dans toutes nos sorties Industryland.Depuis que je suis rentré d’un dîner parisien avec les brosses à dents et dentifrice d’Olivier Remoissonnet (le dernier fabricant de brosses à dent made in France, voir notre article ndlr) elle n’utilise plus sa brosse à dents électrique. Et c’est même elle qui me tanne pour qu’on aille voir son usine à Beauvais, ainsi que celle de Tom François, spécialisée dans les jus de fruit frais pressés, située juste à côté (Tom, Olivier, si vous nous lisez (rires)…).
En trois petits mots…
- Les FF.I : Comme le veut la tradition de « l’interview membre », pouvez vous définir Gilles Attaf en trois mots ?
- N.D : Passionné. Engagement – il ne compte pas ses heures – et d’une rare humilité. C’est une grande figure du made in France.
- Les F.F.I : Même exercice avec Laurent Moisson ?
- N.D : l’Humour, on a le même, ça nous lie. Bon vivant, franchouillard. Et très loquace. Il peut prendre la parole pendant des heures (rires), mais c’est toujours intéressant.
- Les F.F.I : Emmanuel Deleau ?
- N.D : Carré ! Il répond toujours, à n’importe quelle heure, il structure tout. Hauteur, il est capable d’analyser toutes les situations. C’est le moins extraverti des trois, ce n’est pas pour autant qu’il n’a rien à dire.
- Les F.F.I en trois mots ?
- N.D : Combat. Valeurs et engagements. L’idée n’est pas de faire du business avec les uns les autres, on n’est pas un club business à proprement parler, mais un club tourné sur les échanges et les rencontres. Le tout dans le but de défendre notre industrie « Made In France« .