Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens,

Avant de vous embarquer dans le texte qui suit, nous avons la tristesse de vous annoncer que Sylvain Maillard, en pleine bataille pour sa réélection, ne pourra animer notre soirée du 4 juillet à Paris. Ceci est parfaitement compréhensible. La soirée FFI prévue à cette date est donc reportée au 30 septembre prochain. Inscription sur le site des Forces Françaises de l’Industrie

« Camarade, choisis ton camp ! », donc…

Subtilement ou plus directement, c’est ce que voulaient dire bien des messages que nous avons reçus ces dernières semaines. En direct dans le studio d’un média, par e-mails ou sur les médias sociaux, on nous a adressé bien des phrases commençant par « vous ne pouvez pas ne pas… ».

La consigne de « faire barrage » venant de toutes parts et se répétant sans cesse, nous avons fini par nous mettre en position. Prêts à l’appliquer. J’avais la main sur le clavier et Gilles ATTAF la main sur le micro, quand une de nos membres nous a posé une bien troublante question. « Vous allez faire barrage à qui ? Parce qu’aujourd’hui, chaque camp est l’infréquentable de l’autre… ».

Après quelques minutes de perplexité et une ou deux discussions peu concluantes entre fondateurs FFI, nous nous rendîmes compte qu’on n’y avait pas vraiment réfléchi. Nous avons donc décidé de trancher cette épineuse question par une réunion courte mais efficace de 20 minutes. Malheureusement, les usages voulant qu’une réunion doit :

• Commencer en retard,

• Voir l’essentiel de ses participants partir avant son terme,

• Nous permettre de traiter nos mails tout en parlant,

• Débuter par un tour de table sur ce qu’on a tous fait lors du dernier week-end…

… Nous n’avons malheureusement pu traiter que partiellement le sujet.

Il fallut donc 5 appels téléphoniques individuels d’une heure chacun pour en arriver à une évidente conclusion : Afin de ne pas faire barrage aux mauvaises personnes, mieux valait demander conseil à celle qui nous avait mis le doute.

Je fus donc désigné pour appeler notre membre.

Bien mal m’en prit ! Car, alors que je m’attendais à obtenir des réponses claires et des instructions fermes, mon interlocutrice ne cessa d’approfondir mes doutes. Répondant, à chacune de mes questions, par des allégories et d’autres questions, toutes plus déstabilisantes les unes que les autres.

En l’écoutant, j’avais clairement l’impression d’être le Perceval de la série Kaamelott répétant « c’est pas faux » à chacune des hypothèses qu’elle soumettait à ma sagacité. Une sagacité assez largement surestimée, d’ailleurs.

Après un exposé d’une quinzaine de minutes sur les motifs qui rendaient chaque camp complètement infréquentable à l’autre, cette empêcheuse de faire barrage en rond remarqua enfin ma grande détresse.

Elle eut alors cette phrase que tout leader bienveillant devrait avoir quand il cherche à être inclusif face à un public de demeurés :

« Laurent, ne panique pas. Tu as lu Astérix quand tu étais plus jeune ? »

« Évidemment ! », lui répondis-je dans un sursaut d’orgueil.

« Eh bien là, c’est pareil. Tout le monde s’oppose à tout le monde. Et ça donne une bagarre générale à la fin. »

astérix

« Oui, mais pendant ce temps, me désolais-je, les sujets importants comme la réindustrialisation n’avancent plus. »

« Non, effectivement. Parce qu’on est trop occupés à se taper dessus. »

« OK, mais ça s’arrête quand ces bagarres dans Astérix ? »

« Heu… À l’heure du banquet. Mais je ne suis pas sûre que l’exemple d’Astérix soit pertinent sur ce point. »

Et elle reprit sa longue explication pleine de finesse qui, visant à me faire toucher du doigt les nuances qui devaient enrichir mon jugement, acheva de me perdre tout à fait.

Une heure après, lors de la réunion virtuelle que j’avais convoquée pour rendre compte de la situation à mes associés, Emmanuel DELEAU, qui devait quitter la réunion avant l’heure en raison d’une urgence, me demanda : « Alors, elle a dit quoi ? »

« Je crois qu’elle a dit qu’il fallait faire un banquet… »

« Oui, ok… Elle est gentille, mais c’est exactement ce qu’on fait depuis 5 ans. On emmène des entrepreneurs et des investisseurs au restaurant écouter d’autres entrepreneurs et investisseurs qui se sont engagés pour le made in France. »

« Ben justement. Il faudra sans doute éviter à l’avenir. Parce que chacun de nos membres est certainement infréquentable, aux yeux d’autres. Si j’ai bien compris. »

Gilles ATTAF prit alors la parole. Sur un ton gaullien, il prononça une phrase-discours. (C’est une phrase un peu longue qui finit en discours). Intellectuellement épuisé par mes multiples tentatives pour comprendre la signification des allégories FaireBarragistes qui m’avaient été adressées au cours des heures précédentes, je ne pus en retenir que quelques mots. « Unité pour un combat commun », « Industrie », « transpartisan », « Fabriquer ensemble », « lien social » et « fromage ». (Pour fromage, je suis moins sûr, par contre).

Le lendemain, après une nuit de sommeil réparatrice, je lus le droit de réponse qu’avait adressé Arnaud Montebourg à Mediapart. Et tout devint clair dans mon esprit.

Ce média l’avait accusé de complaisance avec l’extrême droite parce qu’il travaillait, via certaines de ses entreprises, avec un homme d’affaires qui vient de se déclarer en faveur du RN. Lire l’article ici.

arnaud-montebourg

Arnaud Montebourg eut alors cette formule d’un bon sens absolu :

« Pour me poursuivre de vos accusations, vous citez des individus anonymes qui déclarent : « « Stérin (l’homme d’affaires) est infréquentable » (…). Dois-je rappeler qu’il n’est pas possible de faire de la politique en entreprise ? Il ne faut donc jamais confondre engagement politique avec action entrepreneuriale. L’infréquentabilité est un concept sectaire qui ne s’applique qu’aux cercles politiques, certainement pas aux entreprises qui rassemblent dans des projets des gens ayant des options divergentes et parfois très opposées. »

N’est-ce pas bien dit les amis ?

Alors, quand la tempête émotionnelle que constituent ces élections sera derrière nous, nous vous donnons rendez-vous dans nos entreprises, dans nos soirées, lors de nos banquets. D’ici là, on aura terminé de parler de ce qui nous divise. Et on pourra alors parler de ce qui nous unit : l’Industrie et ce qu’en aurait dit Adam Smith.

Ce dernier considérait que le travail était le seul moyen de faire société. Car il crée des « solidarités forcées » entre l’employeur et l’employé, entre le client et le fournisseur… Des solidarités qui nous obligent à nous parler, même quand on n’est pas du même bord politique. Et qui nous font constater que ce ne sont pas les États ou les partis politiques qui créent la richesse et qui innovent. Mais nos entreprises et ceux qui les composent.

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