Il y a quelques jours, j’étais invité par Laïdi Ali sur le plateau de FRANCE 24. Il m’a demandé comment la spectaculaire décroissance industrielle de la France depuis 40 ans a pu se produire.
Parce que l’idéologie et la morale tiennent une place disproportionnée dans l’esprit des Français. On a tendance à repenser le réel avec des clés de lecture dogmatiques qui ne conviennent pas à l’univers pragmatique de l’entreprise et de la production.
Ce mal a touché nos élites politiques, qui se sont mises à considérer que l’industrie, c’était mal. Mais aussi nos élites économiques, qui ont imaginé le concept d’une entreprise industrielle sans usine où la Chine serait un atelier aux ordres des bureaux d’études occidentaux.
Depuis cette époque où les uns n’avaient que la lutte des classes à la bouche et où les autres croyaient en la mondialisation heureuse, de l’eau a coulé sous les ponts. Mais avons-nous changé notre façon d’aborder la chose économique pour autant ?
Non. On continue à demander à l’entreprise de faire plus de morale et d’éthique que de business. On la charge trop lourdement d’idéaux qui, s’ils sont nobles, entament ses performances et lui font abandonner des parts de marché face à des concurrents étrangers moins regardants.
Ce faisant, on affaiblit les causes qu’on espérait défendre. (Si on impose trop de contraintes écologiques à une entreprise française, elle va s’éteindre. Nous importerons alors les mêmes produits de l’étranger, fabriqués de façon moins respectueuse de l’environnement et des droits humains.)
Nous sommes des individus moraux. Donc, on voudra toujours que nos produits portent des valeurs. Il faut juste prendre garde à ne pas trop les idéaliser et à ne pas oublier que le but d’un produit n’est pas d’être raconté à des journalistes, mais vendu à des clients qui vont s’en servir.
Eux sont sensibles à l’éthique, bien sûr, mais ils attendent d’abord et avant tout un bon rapport qualité-prix.
Bonne écoute.