Telle a été la question piège que Schraen-Guirma Nathalie m’a posée l’autre jour sur Sud Radio.
Question piège car le sujet est complexe et multidimensionnel.
Son impact est réel et problématique : Le fait que nos PME tardent à devenir ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) affaiblit notre économie.
Car les ETI, qui emploient entre 250 et 4 999 personnes, sont les entreprises qui croissent, qui embauchent, qui innovent, qui exportent et qui forment le plus.
Il y en a environ 6 000 en France. Il en faudrait le double si on voulait se comparer à l’Allemagne ou à l’Italie.
C’est d’ailleurs pour cela que nous avons créé notre fonds d’investissement. FFI Croissance est là pour que les PME à fort potentiel de croissance soient accompagnées dans leur chemin vers le statut d’ETI.
Mais, revenons à la question de Nathalie.
Problème complexe, vous dis-je. Je l’ai donc abordé en plusieurs étapes. La première d’entre elles est consacrée à notre tatillonisme administratif. (Je suis d’accord avec vous, il est probable que ce mot n’existe pas).
À force de sophistication pour éviter que telle mesure ne soit détournée, que tel avantage ne profite pas indûment, que telle mesure morale soit appliquée par les gros sans accabler les petits… On fait des règles à multiples entrées et à exceptions nombreuses qu’on appelle parfois « usines à gaz ». Sans vraiment comprendre s’il est juste qu’une usine à gaz soit devenue un symbole de complexité, d’ailleurs.
En attendant, on crée ainsi des effets de seuil :
– Vous passez de 10 à 11 employés ? Vous avez de nouvelles contraintes.
– Vous franchissez les 20 ? D’autres encore.
– Vous arrivez à 51 ? Hop ! Faites ça en plus.
– Vous arrivez enfin à 250 ? Bravo ! Mais il va falloir vous mettre aux normes, maintenant.
Ceux qui font les lois ont une psychologie qui leur est propre. Ils sont portés sur les normes et le contrôle, ce qui est bien normal.
Mais ils ne cherchent pas assez à comprendre la psychologie d’un entrepreneur. À se mettre dans sa tête, à sentir ce qui le motive et pourquoi il accepte de prendre de tels risques.
Un chef d’entreprise est un fonceur. Il ne voit pas toujours les dangers et il est moins porté que les autres sur les précautions, les démarches administratives, la lecture des textes tatillons.
Alors, beaucoup d’entre eux, pour éviter les tracasseries, choisissent délibérément de rester sous certains seuils, en dessous d’une certaine taille. Parce qu’au-dessus, il faut des compétences administratives qu’ils n’ont pas et qu’ils devront payer, s’ils les franchissent.
C’est l’un des messages qu’on adressera à notre prochain premier ministre quand nos politiques auront fini de rejouer Game of Thrones.
Il y a bien entendu d’autres raisons à cela… Je vous partagerai un prochain extrait de cette même interview dans quelques jours. Histoire de compléter mon propos.