Tremblons les amis ! Car les « dark plants » arrivent. Comme tout anglicisme avec « dark » dedans, celui-ci désigne quelque chose d’aussi fascinant qu’inquiétant : des usines sans salariés.
L’automobile, par ses volumes, ses enjeux financiers, sa complexité, est l’un des secteurs pilotes
Selon Les Echos du 11 décembre dernier, certains grands cabinets de conseils disposent de tous les savoir-faire et ont identifié toutes les machines nécessaires pour les déployer en France.
Pourquoi en France ?
Parce qu’avec un coût de 35€ par heure travaillée par ouvrier, contre 23 en Espagne et 4 au Maroc, nous faisons partie des pays les plus exposés.
L’automobile, par ses volumes, ses enjeux financiers, sa complexité, est l’un des secteurs pilotes. Moins adapté aux usines d’assemblage que possèdent les constructeurs, ce modèle a déjà été expérimenté chez un équipementier, en Espagne. Un autre projet en cours a l’ambition de réaliser des gains de productivité de 65 % en 5 ans, ce qui est considérable.
Les postes les plus susceptibles d’être impactés sont ceux des opérateurs de production. Les progrès effectués par les nouveaux capteurs permettent désormais aux machines de détecter et de corriger elles-mêmes les aléas. Alors que l’IA, de son côté, prend progressivement en charge les tâches de contrôle. Son œil est déjà, dans certains domaines, plus fin que celui de l’être humain.
Certains postes, tels que les superviseurs responsables de la gestion complète d’une ligne de production, demeurent difficilement automatisables. Une bien maigre consolation pour ceux qui pensent que l’une des missions de l’industrie est d’entretenir l’ascenseur social national en offrant une carrière à ceux qui n’ont pas pu faire de longues études.
À quoi ressembleront nos sociétés si le travail humain venait à disparaître ?
L’automatisation s’étend donc rapidement dans les usines. Elle se fait un peu sur le modèle qu’ont connu certains centres de logistique. D’ailleurs, la logistique industrielle est en train de connaître ce que celle dédiée à l’e-commerce a vécu il y a quelques années. Les emballages y sont optimisés et l’automatisation du « picking » avec des robots reprogrammables devient une norme.
Si certains estiment que ces nouvelles usines pourraient redonner à la France une attractivité perdue, et donc contribuer à la réimplantation d’usines ou au ralentissement du rythme de fermetures, d’autres s’inquiètent du coût social induit.
Il pourrait être immense et poser une question fondamentale à nos sociétés aujourd’hui largement organisées autour du travail. À quoi ressembleront nos sociétés si le travail humain venait à disparaître ?
Terminator, Matrix ou au retour des modèles sociaux issus des cités grecques. Leur modèle aristocratique bannissait le travail. Sauf pour les esclaves.