Il l’avait promis lors de sa campagne. Donald Trump l’a confirmé mercredi soir dans le Bureau ovale : « Ce que nous allons faire, c’est imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis. »
Ces droits de douane seront appliqués dès le 2 avril prochain, s’ajoutant aux 2,5 % existants.
Le 3 mai, ce sera au tour des composants importés (moteurs, transmissions, électroniques…). Produits pour beaucoup à l’étranger, ils n’étaient qu’assemblés dans les usines des constructeurs américains.
Cette mesure fait trembler tout le secteur automobile. Y compris les constructeurs américains comme General Motors, Ford Motor Company ou Stellantis. Tous sont implantés au Mexique, principal partenaire industriel des US.
L’industrie allemande est particulièrement touchée. Ses véhicules haut de gamme sont très appréciés par la clientèle aisée américaine. 73 % des exportations automobiles européennes vers les États-Unis proviennent d’outre-Rhin, rappelle Le Figaro. En une journée, les constructeurs allemands ont perdu 5,5 milliards d’euros de capitalisation boursière.
Pour un certain nombre de commentateurs, ces tarifs douaniers pourraient se retourner contre leur auteur. Par leur intermédiaire, Donald Trump espère forcer une relocalisation industrielle massive. Mais les délais nécessaires à la réorganisation des chaînes logistiques complexes qu’ont mises en place les constructeurs auront besoin de plusieurs années pour se réorganiser. On ne déménage pas une usine en 6 mois.
Donc, dans l’immédiat, les principaux effets de cette mesure seront une hausse de prix de 5 à 10 000 dollars par voiture. Or, les électeurs américains ont démontré à plusieurs reprises qu’ils n’aimaient pas l’inflation.
Certes. Mais, si ce coup d’éclat comporte quelques risques politiques à court terme, il s’inscrit dans une vision stratégique claire. Martin Videlaine, membre de notre club FFI, l’écrivait récemment en commentant les propos récents de JD Vance, le très influent vice-président de Trump.
Sur le plan économique, Vance a rappelé que la production manufacturière est source de richesse. « Les importations qui s’y substituent sont source d’appauvrissement. »
Sur le plan géopolitique, il considère cette même production comme le cœur de la compétition actuelle. C’est pour cela que Trump veut à tout prix augmenter les capacités manufacturières des US.
Car, souligne Vance, la production et la conception sont intimement imbriquées. « À perdre la première, on se fait rattraper sur la seconde », écrit Martin Videlaine.
Pour redevenir un pays de production, le couple présidentiel compte mettre le monde de la tech, gros point fort américain, au service de l’industrie.
Voyons maintenant comment les Européens vont réagir face à l’implémentation rapide de cette nouvelle vision du monde.