« Crachez-leur au visage, ils vous diront qu’il pleut. »

Le célèbre auteur de cette phrase aurait pu la prononcer en contemplant l’Union Européenne fermer les yeux sur les pratiques commerciales déloyales de la Chine. (Attention concours : qui est cet auteur ?).

Des pratiques qui ont ruiné des pans entiers de notre industrie et qui continuent leurs ravages.

Mais voilà : Après des années (des décennies ?) de naïveté et de déni, l’UE a décidé de ne plus se laisser faire.

Elle vient, dans la douleur, de prendre des sanctions : Des surtaxes s’appliqueront bientôt sur les voitures électriques qui bénéficient des énormes subventions du gouvernement chinois.

Ces « droits compensateurs », pouvant atteindre jusqu’à 35 %, s’ajouteront aux 10 % déjà en place. Ils sont censés compenser les avantages indus dont bénéficient ces véhicules par rapport à leurs concurrents européens.

Lors d’un vote, 10 États membres, dont la France, ont soutenu la mesure. 12 se sont abstenus, ce qui équivaut à une approbation implicite. 5 pays, dont l’Allemagne, ont voté contre.

Notre voisin d’outre-Rhin craint pour ses exportations de véhicules thermiques. Ses constructeurs automobiles vendent encore plus d’un tiers de leur production thermique à la Chine. Ils craignent des représailles.

Plusieurs experts estiment que la Chine ne devrait pas répliquer trop fortement à ces mesures. Les Echos écrivent qu’elle souffre déjà suffisamment de la guerre commerciale qu’avait déclenchée l’Amérique de Trump pour en ouvrir une autre. D’autant que l’UE, plus vaste marché au monde, est un débouché indispensable pour des usines chinoises en importante surcapacité.

Il est probable que la Commission européenne ne s’arrête pas en si bon chemin.

Elle a identifié d’autres secteurs largement déstabilisés par le dumping chinois. La décision de surtaxer leurs véhicules électriques fait donc fonction de test pour la crédibilité de la politique commerciale de l’UE.

Emmanuel Macron, qui a beaucoup œuvré pour cette mesure, a rappelé que son enjeu symbolisait le choix de la société que voulaient les Européens :

« La question, c’est celle du modèle que l’on veut : veut-on être des consommateurs ou des producteurs ? », avait-il déclaré le 2 octobre dernier à l’occasion du Berlin Global Dialog.

Et Karl de Meyer, d’écrire dans Les Echos :

« Emmanuel Macron a appelé à Berlin à ne pas reproduire les erreurs du passé qui ont créé une “dépendance” à l’égard de la Chine. Allusion au secteur des panneaux photovoltaïques. En 2013, la Commission avait d’abord annoncé des droits de douane sur les panneaux solaires chinois, puis, sous la pression des États membres (et notamment l’Allemagne d’Angela Merkel), les deux blocs avaient trouvé une “solution amiable”. »

Mais ça, c’était avant. Désormais, l’UE semble décidée à défendre ses industries un peu moins mollement que par le passé.

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