Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens,
Vous souvenez-vous du « choc de simplification » de François Hollande ? Le terme était intéressant. Mais comme il a été suivi par des lois qui n’ont pas choqué grand monde ni simplifié grand-chose, il a dû se faire oublier et disparaître du langage politique. Le temps de se refaire une santé.
Depuis peu, on entend parler à nouveau de « simplification ».
Mais voilà… Certains de nos chers (et nombreux !) lecteurs ont la mémoire longue et la rancune tenace. Eux se souviennent que ce mot les avait roulés dans la farine lexicale de nos gouvernants. C’est pour les rassurer que nous avons rédigé ce billet.
Car, Mesdames et Messieurs, nul ne vous l’a jamais dit… Mais aux Forces Françaises de l’Industrie, nous sommes quelques-uns à savoir interpréter les signes, lire les présages et comprendre les signaux faibles. Pas suffisamment pour deviner les numéros du loto ni pour garantir aux âmes solitaires le retour de l’être aimé. Mais bien assez pour comprendre ce qui se cache derrière les coquetteries lexicales de nos gouvernants.
Je vous propose donc de nous lancer sans tarder sur la piste de ce que « simplification » peut bien vouloir dire quand il sort de la bouche d’une vedette ministérielle.
C’est le tout nouveau ministre de la Transition écologique qui nous en propose la version la plus claire. Christophe Béchu vient, en effet, d’annoncer la « simplification » du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Ceci face aux « complexités » et « biais » que ce dernier comporte…
À lire entre les lignes de sa déclaration, on comprend que le mot « simplification » signifie quelque chose du genre :
« Bon, les gars, on s’est un peu gouré sur un truc. Vous vous rappelez de la crise des Gilets jaunes ?
Eh bien, comme on nous avait reproché de ne pas assez écouter le peuple, on a tiré au sort 150 citoyens. Et on leur a demandé comment ils feraient pour lutter contre le réchauffement climatique.
Les électeurs nous avaient fait comprendre qu’ils en avaient marre des professionnels de la politique. Alors on a sélectionné que des amateurs. On voulait quelque chose d’inclusif, vous comprenez. Du coup, pour que chacun se sente représenté, on a veillé à ce que les nominés soient à l’image des Français : Des spécialistes de rien qui ont un avis sur tout.
On a sélectionné leurs idées les plus spectaculaires et croyez-moi, il y avait quelques perles. On les a mises dans une loi qu’on a appelée « climat et résilience ». Personnellement, j’avais pensé à la loi « y’a qu’à faut qu’on », mais « climat et résilience » a eu la préférence du chef. Il pensait que ça nous permettrait de passer pour des écolos sans avoir à balancer de la soupe sur la Joconde. Ce qui n’était pas bête. »
Évidemment, l’entrée en application de cette loi a provoqué une crise majeure dans l’immobilier, vu qu’elle a retiré du marché de la location 5 millions de logements d’un trait de plume. Alors, avec le chef, on vient de décider de revenir dessus. Par décret, ce qui sera plus discret. On va appeler ça une opération de simplification. »
Ainsi, en « simplifiant » le DPE, notre nouveau ministre s’apprête à remettre 140.000 logements sur le marché alors qu’ils en avaient disparu. Pauvres passoires thermiques qu’ils étaient.
Il était temps. Car les candidats à la location dans les grandes villes se retrouvent assez régulièrement à 40 pour visiter le même appartement tant il en manque. Ceci alors que les propriétaires les plus responsables ne parviennent pas à trouver la main-d’œuvre pour rénover leurs biens.
Mais attention ! N’allez pas croire qu’on critique la démarche. Il est toujours bien de revenir sur des lois qui ne sont pas bonnes. Même quand on en a été l’auteur. Donc, bravo pour cela.
Seulement, après…
- La politique agricole qui interdit de produire ici ce qu’on importe de l’étranger. Corrigée par les récentes mesures d’urgence…
- Les lois de programmation de sortie du nucléaire qui nous plongent dans la crise énergétique. Contrebalancées par le récent changement de cap pro-nucléaire…
- La loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette des sols) qui raréfie tellement le foncier industriel disponible que nombre de projets d’implantation ou d’agrandissement d’usines sont à l’arrêt. La toute nouvelle loi « industrie verte » tente d’en corriger les effets les plus nocifs…
… On peut légitimement se demander quand nos gouvernements successifs cesseront de sacrifier des secteurs économiques entiers en votant des lois éco-démagogiques avant de revenir précipitamment dessus.