Voici un rapport toujours très attendu.
L’étude Workforce View« People at Work 2022 vient d’être dévoilée. Le centre de recherches ADP Research Institute a interrogé 32 924 actifs dans 17 pays entre le 1er novembre et le 24 novembre 2021, parmi lesquels plus de 8 685 travailleurs de la « gig economy » exclusivement. Voici la méthodologie, les principales slides et éléments à retenir.
Les principaux enseignements de l’enquête :
- Les travailleurs veulent du changement : réévaluer l’importance que représentent la sécurité de l’emploi et l’éthique professionnelle
- Cette année, 7 travailleurs sur 10 (71 %) ont envisagé une réorientation professionnelle.
- Les salariés s’intéressent de plus en plus à l’éthique et aux valeurs des entreprises. Avis aux employeurs : 3/4 (76 %) d’entre eux envisageraient de rechercher un nouvel emploi si leur entreprise présentait des disparités salariales injustifiées entre les hommes et les femmes ou ne disposait d’aucune politique de diversité et d’inclusion.
- Étonnamment, les travailleurs sont optimistes lorsqu’on leur demande comment ils se sentent au travail. Parmi eux, 9 sur 10 (90 %) déclarent être satisfaits de leur poste actuel
- Les attentes sont grandes en matière d’augmentations salariales, avec plus de 6 travailleurs sur 10 (61 %) qui en prévoient une dans l’année et 3/4 (76 %) préparés à en demander une s’ils estiment la mériter.
- Le salaire est perçu comme étant le facteur le plus important d’un poste et 2/3 des travailleurs (65 %) souhaiteraient travailler plus pour gagner plus.
- 7 travailleurs sur 10 (71 %) aimeraient plus de flexibilité sur leurs horaires de travail, comme la possibilité de condenser leurs heures en une semaine de 4 jours.
- Le stress au travail a atteint des niveaux préoccupants et concerne 67 % des travailleurs au moins une fois par semaine, contre 62 % avant la pandémie. Parmi eux, 1 sur 7 (15 %) ressent du stress tous les jours.
- Presque 7 travailleurs sur 10 déclarent être payés de façon juste selon leurs compétences et leur rôle, comparé à moins de la moitié de leurs pairs qui travaillent sur site.
- Il est préoccupant de constater que même si plus de la moitié des travailleurs (54 %) considèrent la sécurité de l’emploi comme une priorité, seul 1/4 des répondants (25 %) pensent que leur emploi ou secteur est porteur. C’est bien moins qu’en 2021, où il était question de plus de 1/3 (36 %), et le niveau chute jusqu’à 14 % en Amérique latine.
- Environ 2/3 des travailleurs constatent un mélange équitable d’ethnies (64 %) et de genres (63 %) au sein de leur entreprise, même si les travailleurs européens en sont bien moins convaincus que leurs collègues ailleurs dans le monde (46 % et 54 % respectivement). Toutefois, la part de ceux qui estiment que les handicaps sont représentés de façon équitable est systématiquement bien plus faible : globalement, seuls 37 % l’affirment. Étant donné qu’environ un milliard de personnes, ou près de 15 % de la population mondiale, souffrent d’un handicap (d’après l’association ADD International), il s’agit d’un problème qu’on ne peut pas ignorer.
- Presque 1 travailleur sur 4 (23 %) affirme essayer de se réorienter activement et/ou de changer de secteur pour en choisir un qu’il estime plus sûr pour l’avenir (c’est-à-dire, des secteurs porteurs dans lesquels ses compétences sont susceptibles d’être davantage demandées sur le long terme et dans lesquels il voit les meilleures perspectives d’évolution de carrière et un potentiel d’augmentation de salaire à l’avenir).
- Plus de la moitié (53 %) des travailleurs accepteraient une baisse de salaire si elle impliquait un meilleur équilibre travail/vie privée et un pourcentage similaire (50 %) le ferait également si elle garantissait une flexibilité en termes d’organisation des horaires, même si cela ne signifiait aucun changement du nombre d’heures total.
- 2/3 (66 %) des employeurs proposent désormais des conseils en matière de bien-être financier à leur personnel, en hausse par rapport à 2021 (6 sur 10, soit 59 %). Cependant, cette situation est bien plus susceptible de se produire en Asie-Pacifique et en Amérique du Nord (74 % et 56 %) qu’en Amérique latine (49 %) ou en Europe (36 %).
- 1/3 des adultes et des jeunes personnes déclarent que leur santé mentale s’est aggravée depuis mars 2020
- L’Europe semble à la traîne : presque 3 travailleurs sur 10 (29 %) affirment que leur employeur ne prend aucune mesure pour favoriser une bonne santé mentale.
- Plus de la moitié (53 %) des 18-24 ans en France seraient prêts à quitter leur entreprise si le présentiel était imposé à 100 %
- 36 % des répondants, et cette fois tous âges confonfus, seraient prêts à claquer la porte s’il était impossible de télétravailler.
Conclusion de l’étude :
Deux ans après le début de la crise du COVID-19, de nombreuses questions cruciales restent sans réponse.
Les travailleurs réfléchissent plus que jamais à leurs attentes vis-à-vis de leur travail et de la vie en général. En prenant parfois la direction opposée, ils repensent à leur valeur, à la signification de la sécurité de l’emploi, à leurs attentes envers leurs employeurs et aux compromis qu’ils sont prêts à faire. Que ce soit par le biais d’un sentiment
de responsabilisation, de désillusion ou simplement en tant que conséquence naturelle des bouleversements qui leur ont été imposés, ils déclarent avoir fortement besoin d’un nouveau modèle en matière de relations professionnelles avec leurs employeurs. Augmentations des salaires, flexibilité et soutien accrus, nouveaux défis à relever, meilleure reconnaissance, amélioration des perspectives d’emploi ou de l’inclusion et de l’équité de la culture d’entreprise : la liste des initiatives permettant de maintenir l’engagement et l’épanouissement des travailleurs est longue et variée.