Il y a trois jours, notre plus puissant réacteur nucléaire a été connecté au réseau électrique.
C’est historique. Mais les discours célébrant cet exploit sont passés inaperçus. Nous étions trop occupés à deviner le nom de nos nouveaux ministres éphémères. Ce qui en dit long sur nos priorités.
Pourtant, on en a parlé du chantier d’EPR. Mais c’était pour le critiquer. On ne compte plus les polémiques lancées par ses adversaires pendant ses 12 ans de retard. Pointant son inacceptable surcoût, ils promettaient l’échec du chantier. Aujourd’hui, on les entend moins.
D’autant que, si le projet a tant duré et a coûté si cher, c’est un peu pour rassurer ceux qu’ils avaient inquiété.
L’opinion publique allemande, notamment. Car, souvenez-vous, Paris qui avait voulu jouer les bons élèves de l’Europe, avait embarqué les Allemands dans l’aventure EPR.
Or, les Allemands, bien plus sensibles au risque nucléaire, avaient imposé un tel niveau de sécurité au projet, déjà ambitieux, qu’il est devenu un monstre de complexité. Ce qui n’est jamais bon pour le planning.
Mais les protections rationnelles ne triomphent jamais des angoisses irrationnelles. Alors, malgré toutes les précautions prises, les Allemands se sont retirés du projet, laissant les Français se débrouiller avec leur impossible cahier des charges.
« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », disent les coachs en intelligence collective ? Pas cette fois.
Autre gageure : Il fallait se mettre à reconstruire des centrales. Et pour reconstruire, il faut des compétences.
Mais voilà… La trouille du nucléaire progressant (chez les élus et les journalistes surtout), la construction de centrales a été arrêtée. La montée du discours prônant la sortie du nucléaire a, quant à elle, fini de décourager ceux qui voulaient y faire carrière. La transmission du savoir-faire entre ceux qui avaient construit les premières centrales et leur relève était donc bloquée.
Cette perte de compétence a occasionné des erreurs coûteuses en retard et en surcoûts… Dénoncées par ceux-là mêmes qui avaient engendré cette perte de compétence, donc.
Ajoutez à cela les problèmes financiers que la libéralisation dogmatique du marché de l’électricité avait occasionnés chez EDF… Et vous aurez une idée de la constance dont les équipes d’EDF ont dû faire preuve pour mener ce projet à bien.
Nous pouvons être fiers d’eux. Au milieu du psychodrame sans fin qu’est devenu le débat public français, ils ont accompli un exploit qui pourrait faire de la France, si elle ne s’égare pas à nouveau, l’Arabie Saoudite de l’électricité décarbonée. Pour le bonheur de ses habitants et de ses industries.
Allez, pour 2025, souhaitons que nos hommes politiques écoutent plus les héros qui font avancer la France que ceux qui veulent tout freiner parce qu’ils sont morts de trouille.
Et célébrons les gens d’EDF que l’on connaît en commentaire !