Très bon dossier dans Les Echos sur une source importante d’émissions de CO2 en France : La fabrication de béton (qui utilise du ciment).
Malgré les efforts considérables de ces dernières années, les 25 sites de production de la filière émettent encore 10 millions de tonnes de CO2 par an. C’est 2,5 % des émissions nationales, selon Les Échos.
Et à peu près tous les acteurs qui la composent travaillent d’arrache-pied pour faire de ces matières premières de la construction, par nature énergivores, des produits « verts ».
En la matière, ce sont surtout les PME qui sont en pointe, ainsi que quelques acteurs plus importants, comme le Groupe Vicat.
L’ajout de matériaux biosourcés (bois, chanvre, lin, miscanthus) et de granulats recyclés améliore les performances énergétiques de nombreux fabricants.
Dans la Région Hauts-de-France, par exemple, la coopérative BÂTILIN a même conçu un béton à base de lin, offrant un bilan carbone négatif. Une usine dédiée est prévue pour 2027.
MATERRUP Ciments bas carbone, dont nous avons déjà parlé, s’est alliée à Vicat, cimentier français, pour produire un ciment à base d’argile crue, considérée comme un déchet jusqu’ici. L’entreprise est installée près de Toulouse.
Des procédés de fabrication de ciment sans clinker, un composant responsable de 98 % des émissions de CO2 du béton, ont été mis au point par le groupe français Hoffmann Green Cement Technologies en Vendée. Ils pourraient marquer une rupture importante dans un secteur dont certaines techniques ont peu évolué depuis 200 ans.
Le recyclage et l’utilisation plus fréquente de sources d’énergie décarbonées sont également sollicités pour faire baisser le bilan CO2, indique l’article des Echos.
Ces avancées, qui démontrent que l’industrie peut être l’alliée du climat, sont porteuses d’espoir. Malheureusement, le secteur fait face à des défis qui les mettent en péril :
– Des processus de certification longs, complexes, coûteux.
– D’importants besoins en R&D qui vont demander à ces entreprises d’assumer des charges d’investissement qu’il faut bien répercuter sur les coûts.
Ces coûts sont d’ailleurs en bonne partie responsables du retard d’adoption de ces produits par le marché. Les contraintes prévues par l’entrée en vigueur de la réglementation thermique RE 2020 vont sans doute encourager leur adoption.
On espère que cette dernière ne va pas contribuer au renchérissement d’un coût de la construction qui finit par peser sur les ménages.
Heureusement, ici, il s’agit d’un marché captif : La concurrence est forcément locale. Car le béton voyage mal.
Si les progrès de productivité jouent à plein, les surcoûts ne seront peut-être que temporaires et la décarbonation du secteur aura bien lieu.
À suivre, donc.