Je pensais que les Français n’aimaient pas leurs entrepreneurs. Il n’y en a pas :
– Au Panthéon, même si Henri J. Citroën milite courageusement pour la panthéonisation d’André Citroën.
– Au classement des 50 personnalités préférées des Français.

Personnellement, j’ai toujours pensé que :
– Le manque de popularité des patrons était l’une des explications de notre sous-performance économique.
– La France, passionnée d’égalité, n’aime pas trop les têtes qui dépassent financièrement parlant. Or, la croissance économique est souvent générée par des têtes brûlées qui n’entendent pas se conformer à la norme.

Je le pensais… avant d’avoir lu l’article d’Arnaud Bouillin et de Muriel Breiman. Jules César ne disait-il pas : « Semper legendum est L’Express » (Il faut toujours lire L’Express) ?

L’analyse des deux journalistes s’appuie sur une enquête réalisée par THE ARCANE et la Fondation Jean-Jaurès. Elle révèle notamment que les Français :
– Estiment que Bernard Arnault (patron de LVMH) a plus de pouvoir qu’Emmanuel Macron.
– S’en réjouissent. Ce qui est inattendu. C’est à se demander si plus une personnalité est critiquée par certains, plus elle est populaire dans l’opinion.

Selon l’enquête, la perte de confiance du grand public envers son personnel politique s’accompagne d’une montée en puissance de nos capitaines d’industrie. Leurs dernières sorties médiatiques pour dénoncer :
– « Les délires bureaucratiques », comme la CSRD (Jean-Laurent Bonnafé),
– « L’enfer d’investir en France » (Catherine Fiamma MacGregor, Patrick Pouyanné, Luc Rémont), en raison des normes.
– La fiscalité excessive (Florent Menegaux).
– La mauvaise gestion de l’État (à peu près tous)…
… ont valorisé leur image.

Les entreprises sont jugées plus capables de répondre aux enjeux de société. Et, près de 2/3 des sondés souhaitent que les patrons prennent davantage position dans le débat public.

Ce basculement s’inscrit dans un contexte où les entreprises apparaissent comme des piliers de stabilité et d’action concrète, notamment depuis la crise du Covid.

Arnaud Bouillin et Muriel Breiman en concluent qu’une recomposition du pouvoir est en cours. Recomposition où l’entreprise, et non plus l’État, est perçue comme la principale force agissante.

Est-ce rassurant ? À mon avis, non.

Car s’il est bon que les chefs d’entreprise soient mieux vus qu’auparavant dans notre pays, il ne faut pas oublier que la démocratie passe par la confiance qu’elle place en ses élus.

Et voir ces derniers perdre leur crédit à force d’étouffer de normes une économie qu’ils prétendent protéger n’est pas sain.

Il est urgent que nos politiques comprennent que les entrepreneurs ne sont pas des concurrents, mais des partenaires. Ils feraient mieux de les écouter (pour de vrai) et de les associer à certaines de leurs démarches plutôt que de tenter de les freiner.

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