Quand Luc Rémont est arrivé à la tête d’EDF, l’entreprise était en pleine crise. 32 des 56 réacteurs français étaient à l’arrêt. Il fallait relancer d’urgence la production du parc nucléaire.
Doté d’une expertise technique, cet ex-Schneider Electric connaissait son sujet. Sous sa direction, les équipes d’EDF ont réalisé le discret miracle de relancer la machine en un temps record. Notre électricien a pu, de nouveau, battre des records de production et d’exportation.
Il est ainsi redevenue rentable. Très rentable. Trop rentable, en fait.
Car EDF n’est pas une entreprise comme les autres. Elle est en charge d’un service public : Celui de fournir, via un outil construit avec nos impôts, une électricité bon marché.
Or, l’énergie, c’est la sève de l’industrie. C’est elle qui, conjuguée au génie technique des ingénieurs, des ouvriers et de leurs machines, permet de transformer la matière. Si elle est décarbonée, cela fait baisser l’impact écologique d’une usine. Si elle est peu chère, cela va doper la compétitivité d’une usine.
Notre parc nucléaire est largement amorti. Il produit donc de l’électricité à moindre coût. Pourtant, cette électricité est vendue chère aux clients d’EDF.
En 2022, Gilles ATTAF (co-fondateur des FFI) avait tiré le signal d’alarme. Ce prix, trop élevé, mettait en difficulté nos industriels.
Trois ans et plusieurs milliers de faillites plus tard, le message n’était toujours pas entendu. La réindustrialisation en cours a donc calé. Nous fermons à nouveau plus d’usines que nous en ouvrons.
Prétendant qu’ils ne pouvaient agir sur des prix fixés par l’Europe, nos dirigeants ont refusé de prendre leur indépendance sur ce point. Pourtant l’Espagne et le Portugal l’avaient fait.
Pour FFI, la raison en était claire : EDF captait la rente nucléaire pour se désendetter plutôt que de donner à nos usines un avantage compétitif dont elles avaient tant besoin. L’Europe n’était qu’un prétexte.
Notre voix a été entendue et commentée sur les réseaux. Elle n’a cependant pas fait réagir beaucoup d’officiels. Par contre, quand EDF a mis son électricité aux enchères, la colère des industriels a éclaté au grand jour.
La charge la plus spectaculaire fut celle de Benoit BAZIN (Saint-Gobain), qui déclarait à l’antenne que cette pratique était « un bras d’honneur à l’industrie française ».
Deux jours plus tard, Luc Rémont était remplacé par Bernard Fontana. Espérons qu’il sera plus attentif à notre réindustrialisation. L’Elysée semble y tenir.
En guise de bienvenue, une suggestion issue de l’audition parlementaire d’Olivier Lluansi (auteur de « Réindustrialiser : le défi d’une génération ») : Réserver 15 % de notre production électrique à nos industriels. À coût réduit. Les Allemands vont râler, mais pas bien longtemps. Ils ont besoin de nos centrales quand leurs éoliennes sont à l’arrêt.
Chers gouvernants, la souveraineté, ça se décide.