On a parlé des États-Unis et de leur immense plan de subvention pour inciter les industriels à s’implanter sur leur territoire. Également de la réponse, par un soutien à l’industrie verte, de plusieurs États membres de la Commission européenne.
Voici que Les Echos du 12 novembre évoquent le cas du Japon. Le quotidien explique à coup de chiffres vertigineux, « comment le Japon s’endette massivement pour refaire son retard dans les semi-conducteurs ».
Ce pays, dont l’économie stagne depuis les années 1990, a enchaîné les plans de relance. Et comme chez nous, ils ne sont parvenus qu’à creuser une dette abyssale. 255% du PIB, soit plus du double que chez nous. Encore un sport où on pensait être champions et où on ne dépassera pas les quarts de finale…
Et, malgré cet énorme stock de dettes, voilà que le Japon se lance dans un nouveau plan de relance. Sans rompre avec sa culture du gigantisme, ce plan se concentre, cette fois, sur la stimulation de l’offre. Il subventionne l’industrie.
Mais tous les industriels n’en sont pas heureux. Car, pour le gouvernement japonais, tous les secteurs n’ont pas la même importance stratégique. Et c’est celui des semi-conducteurs qui va rafler la mise.
Il faut dire que de plus en plus d’industriels doivent équiper leurs appareils connectés et leurs plateformes d’intelligence artificielle avec des puces. Ces puces représentent d’ailleurs chaque année une part croissante de la valeur ajoutée de ces objets.
Or, le Japon a perdu la maîtrise qu’il avait de ce secteur après les années 1980 pour avoir manqué deux virages successifs :
- La 3ème génération de puces
- La séparation des tâches entre conception et fabrication qui demande une organisation du travail bie différente de la culture d’intégration qui caractérisent les conglomérats nippons.
Les Echos rappellent que la situation du pays est pourtant moins désespérée qu’ailleurs. Le #Japon a gardé :
- « l’un des leaders dans la production des puces mémoire NAND, avec Kioxia ».
- Sony pour capteurs d’images CMOS.
- Nikon, Tokyo Electron et d’autres équipementiers.
Mais il n’y a plus de fonderie capable de fabriquer les puces les plus performantes. En la matière, les investissements nécessaires pour reconquérir le leadership sont tels qu’ils sont hors d’atteinte, même pour des géants. Ainsi, Toyota, Sony, NTT ou encore NEC et IBM ont décidé de se regrouper via un consortium. En plus des investissements de chacun, celui-ci percevra beaucoup d’argent public.
Les politiques japonais approuvent cette démarche. Mais des économistes s’alarment. Est-il raisonnable qu’un pays si endetté injecte, une nouvelle fois, 55 milliards de $ dans un tel plan ? Et pour quel résultat ?
Une chose est sûre, au Japon comme ailleurs, l’ultralibéralisme est clairement passé de mode. L’avenir nous dira si ce retour à une économie planifiée est une bonne chose.