Dans les années 1980, la France était leader mondial du traitement des terres rares. Les TerresRares, qui ne sont pas rares du tout, c’est un ensemble de 17 éléments qu’on retrouve dans à peu près tous les produits électroniques.
Mais voilà, produire, raffiner, trier les terres rares demande un traitement chimique lourd. Et, avec la montée de la conscience écologique en Occident, un certain nombre de politiques visionnaires ont décidé de mettre tellement de contraintes à cette activité que nos usines ont perdu leur productivité. Les groupes positionnés sur ce marché ont donc délocalisé leurs activités en Chine. On rêvait alors d’une France sans usine, complètement dédié aux métiers du tertiaire.
La Chine est ainsi passée d’absente à leader mondial, puis acteur monopolistique de cette activité. Elle s’en est d’ailleurs servie pour obliger, en 2010, les entreprises qui utilisaient des terres rares dans leur processus de fabrication à installer leurs usines chez elle. Pour cela, elle interdit l’exportation de ces métaux. Sur un air de « si vous voulez des terres rares, il faut installer vos ateliers en Chine ». C’est ainsi qu’elle a mis la main sur des technologies de pointe et est devenue leader dans nombre de secteurs industriels.
Mais voilà. Dans toute histoire, il faut un Astérix qui résiste encore et toujours à la domination de l’empire. Ce sont les Japonais qui, les premiers, sont partis en résistance. Mais notre Astérix à nous, c’est la startup lyonnaise CARESTER.
Sa filiale Caremag vient de poser la première pierre d’une usine de recyclage et de raffinage de terres rares à Lacq, sur un ancien site gazier de TotalEnergies.
Le site accueillera une installation unique hors Chine dédiée à la récupération des terres rares.
Le projet est cofinancé à hauteur de 110 millions d’€ par la Japan France Rare Earth Company et bénéficie de 106 M d’€ d’aides publiques françaises.
L’usine traitera 15 % de la production mondiale, ce qui mettra fin au monopole chinois. Deux clients se sont déjà engagés : le gouvernement japonais et Stellantis. Des discussions sont en cours avec le secteur éolien.
Pour fonder cette entreprise, Frédéric Carencotte a été chercher cinq experts retraités. (Renseignement pris, aucun ne s’appelle Panoramix).
Question environnement, cet entrepreneur, ancien de Solvay, a fait les choses comme il faut. Son usine sera la première au monde qui ne générera pas d’effluents liquides. Ceci grâce au recyclage de l’eau et des solvants utilisés. Le site prévoit aussi de réutiliser 80 % du CO₂ produit par ses fours. Bref, c’est un peu la classe.
La production débutera fin 2026.
Bravo Frédéric Carencotte et merci Bruno Jacquemin pour ces informations !
Après notre sursaut sur l’armement, va-t-on aussi se réveiller sur les minerais et les métaux ? Ce ne serait pas idiot.
Souveraineté des minerais : la France sur le point de devenir le seul pays non chinois capable de trier les terres rares.
