Trump vient de mettre un coup d’arrêt à la croissance de SHEIN et Temu en supprimant l’exemption « de minimis ».
Celle-ci consistait à ne pas soumettre aux droits de douane ni à la TVA les colis importés de moins de 800 $. Elle faisait référence, nous rappelle un article du Figaro écrit par Mathilde Visseyrias, à un adage latin signifiant : « Le magistrat ne se préoccupe pas de choses mineures ».
Et ça tombe bien, car ce privilège douanier commençait à avoir des conséquences qui n’étaient plus mineures du tout. Les deux géants chinois de l’e-commerce l’exploitaient à plein en envoyant des centaines de millions de petits colis chaque mois, libres de taxes.
Pour les producteurs américains, cette concurrence déloyale était tout simplement mortelle. Désormais, ces envois seront taxés à hauteur de 30 % ou d’un minimum de 25 dollars.
Ce changement vise officiellement à lutter contre le trafic de fentanyl, dont Trump accuse la Chine de ne pas limiter les flux vers les États-Unis, nous apprend le Figaro.
Mais personne ne doute que ce décret vise en réalité Shein et Temu. Leur modèle ultra low-cost, profitant d’une logistique rapide et bon marché depuis la Chine, devra maintenant se réinventer complètement.
Les États-Unis étaient devenus le principal marché de Shein. L’administration Biden avait envisagé de prendre des mesures afin de limiter son expansion, mais n’avait pas été jusqu’au bout de la démarche.
Même schéma en France, où une loi anti fast-fashion était en passe d’être promulguée au Sénat… avant d’être mystérieusement bloquée.
Certains y avaient vu l’intervention de l’ancien ministre de l’Intérieur Castaner, devenu patron de la politique RSE de Shein. (Ne riez pas. J’ai entendu dire qu’il y avait aussi un responsable de la biodiversité chez Monsanto.)
En tout cas, il aura fallu attendre la décision du climatosceptique Trump pour faire vaciller un modèle complètement écocide. Notre époque est décidément pleine de paradoxes.
Amis Européens, ne nous désespérons pas. Chez nous aussi, la pression monte. Bruxelles envisage elle aussi la fin du dispositif de minimis. Et notre Parlement national examine en ce moment une proposition de loi très attendue par les survivants de la mode made in France. Elle vise à appliquer un malus environnemental à chaque produit issu de l’ultra fastfashion.
Il serait temps car, dans l’Hexagone, Shein est devenu en 2024 le premier vendeur de vêtements en volume. La plateforme représente, avec Temu, 22 % des colis traités par La Poste.
Cette décision, rappelle le Figaro, survient au pire moment pour Shein. La plateforme préparait en effet son entrée en Bourse.
Mais Shein réagit déjà. Elle cherche à se diversifier en délocalisant sa production hors de Chine, notamment au Brésil et en Turquie. La lutte contre l’ultra fast fashion promet donc d’être longue.