Ce matin, j’ai lu Le Journal des Entreprises.
Un article de stéphane vandangeon y présentait très clairement la situation difficile dans laquelle se trouve l’industrie chimique française.
La fédération du secteur, France Chimie, estime que 15 000 emplois sont menacés à court terme. Plusieurs grandes entreprises du secteur, comme ExxonMobil, Solvay ou WeylChem Lamotte, ont annoncé des fermetures d’usines et des suppressions de postes.
Des postes à valeur ajoutée dont l’économie de nos territoires manque tant.
Pourtant, rappelle l’article, les choses étaient bien parties depuis 2016. La croissance du chiffre d’affaires (de 71 milliards à 108 milliards en 2023), des carnets de commandes entraînait la croissance des effectifs dans le secteur (de 164 000 à 228 000 salariés).
Nous étions en plein boom. Le lancement d’une politique de l’offre par le gouvernement encourageait entrepreneurs et financiers à investir pour la réindustrialisation du pays.
Malheureusement, une politique de l’offre, comme toute politique économique, ne fait pas bon ménage avec des postures morales ou idéologiques. Aussi louables soient-elles.
Alors :
– Quand le coût du gaz, du fait de notre conflit avec la Russie, a explosé.
– Que le mécanisme d’indexation européen des prix de l’électricité à ceux du gaz (Merit Order) a fait artificiellement grimper le prix de l’électricité. Ceci alors que les coûts de production de nos centrales nucléaires sont restés les mêmes.
– Que nos gouvernants ont refusé d’entendre les cris d’alarme venant des industriels. Ils réclamaient une sortie, au moins temporaire, du Merit Order, comme l’avaient fait Espagne et Portugal.
Les industriels énergivores sont donc passés rapidement de l’euphorie à la panique. C’est le cas de la chimie qui consomme 33 % du gaz et 20 % de l’électricité utilisés dans l’industrie française.
On voit ici deux choix politiques. L’État a
– Protégé les particuliers qui votent contre l’envol des prix via un bouclier énergétique qui a coûté des milliards. Mais pas les entreprises… qui peuvent délocaliser ou fermer.
– Préservé l’image d’une Europe unie (les Allemands auraient été fâchés de nous voir quitter Merit Order) au dépens des intérêts de nos entreprises.
Aujourd’hui, selon le JDD, les usines françaises ont vu leur compétitivité-prix s’effondrer face à leurs concurrents Américains ou Asiatiques. Ces pays ont su maintenir des prix énergétiques acceptables. Résultat : no usines ne fonctionnent plus qu’à 75 % de leur capacité.
Frédéric Gauchet, président de France Chimie, demande des mesures urgentes pour sécuriser un accès à une hashtag#énergie bas carbone et compétitive.
Nous avons les centrales, nous avons les capacités de production. Mais les discussions avec EDF, entreprise pourtant contrôlée par l’État, n’avancent pas.
Bref, nos gouvernements veulent-ils vraiment réindustrialiser ce pays ?