Hier, les FFI, représentées par Guillaume LEBEAU, faisaient partie des 300 acteurs de la finance invités à Bercy. (Rappel : nous levons un fonds dédié aux PMI des secteurs « stratégiques » avec Crystal et TYGROW).
Plusieurs ministres étaient là. Ainsi que les banques, assurances et fonds d’investissement.
L’objectif était de sonner la mobilisation générale pour financer notre industrie de défense. Le tout sans alourdir le déficit, ni confisquer l’épargne des Français.
Et, comme les prêts bancaires ne financent que 40 % des besoins des 4 500 entreprises (essentiellement PME) du secteur, il va falloir trouver des actionnaires qui investissent en fonds propres.
Or, aujourd’hui, 60 % de notre épargne (assurance-vie, etc.) est investie dans des supports ESG. C’est-à-dire dans des entreprises aux activités destinées à faire le bien.
À une époque où il ne suffisait pas de bloquer une université pour être considéré comme un penseur, on disait « si tu veux la paix, prépare la guerre ».
Mais, de nos jours, on préfère souvent les mensonges cohérents aux vérités paradoxales. Et c’est par un syllogismes nappé de bienveillance qu’on s’est mis à croire que :
– Comme tuer des gens, c’est mal.
– Que quand on se défend à la guerre, on tue parfois des gens.
– Alors, la défense, c’est mal.
Les industries de défense sont ainsi devenues moralement… indéfendables.
« Quand on classe la défense dans la même catégorie que la pornographie, on peut se demander à qui profite le crime. Il faut regarder les premières forces de lobbying présentes à Bruxelles, il ne faut pas être naïfs », déclarait hier Emmanuel Chiva, DG de l’armement. Il critiquait par là la taxonomie européenne. Elle pénalise les investissements dans la défense au profit des investissements ESG depuis des années.
Pour toutes ces raisons, trouver du financement pour les entreprises de défense n’était pas gagné. Avant de nous rendre à Bercy, nous pensions même que seul un magicien pouvait y parvenir.
Mais, pour relier des réalités qui s’opposent et faire marcher ensemble des concepts qu’on pensait incompatibles, il y a mieux que la magie. Il y a la morale. Vous la changez un peu, et hop ! Le problème est réglé.
C’est donc à un réarmement moral que nous avons assisté hier.
« La défense, ça n’est pas sale ». « Capitalisme et patriotisme sont indissociables ». La défense est « le nerf de la paix ». « Investir dans la défense, cela protège notre souveraineté et les principes que nous portons », ont enchaîné les ministres.
Voilà comment « de parias, les industriels de l’armement sont officiellement portés au pinacle », écrivait Anne Drif dans Les Échos.
Les fonds ESG, échaudés par la faible rentabilité des entreprises qui décarbonent, vont pouvoir se refaire la cerise sur le militaire. Aux FFI, on est ravis. Mais on n’a pas pu s’empêcher d’éclater de rire.
Notre époque est formidable !