Métaverse et industrie : y croire ou ne pas y croire ? Se positionner ou prendre le risque de ne jamais prendre le train à l’heure…
Le Métaverse le pari insensé de Mark Zuckerberg – Meta, Facebook, Instagram, WhatsApp- n’a pas encore fait ses preuves. Mais il paraît bien difficile, aujourd’hui de ne pas s’intéresser à la question et de ne pas en mesurer les conséquences possibles. Adieu le web 2.0 ? – Celui que nous connaissons-.
15% des sondés savent ce qu’est réellement le Métaverse…
Mais 75% d’entre eux pensent que c’est l’avenir !
Wunderman Thompson Intelligence vient de dévoiler les grandes lignes de l’étude qui a été menée en mars 2022 auprès de 3 005 personnes âgées de 16 à 65 ans aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Chine. – Voir l’étude complète–
- En mars 2022, près des trois quarts (74%) des personnes interrogées en avaient entendu parler.
- Seulement 15% des personnes interrogées déclarent qu’elles savent ce que c’est et peuvent l’expliquer à quelqu’un d’autre.
- 74% déclarent même que pour eux, le métavers c’est l’avenir.
- 66% d’entre eux pensent que cela va leur changer la vie.
- 53% des répondants conviennent que le métavers pourrait amener les gens à se retrouver.
- Et 76% pensent qu’il pourra avoir un impact sur les gouvernements.
- Les domaines dans lesquels les consommateurs s’attendent à voir de l’innovation sont le divertissement, où 90% des répondants partagent cette opinion, suivi de la publicité et de la vente au détail.
- 86% des personnes pensent que le commerce de détail sera impacté par le métavers.
- 70% pensent qu’il sera un endroit de prédilection pour faire du shopping
- 68% pensent que c’est l’avenir des achats online.
- 82% des consommateurs mondiaux pensent que l’industrie de la finance sera impactée par le métavers.
- 85% des consommateurs croient que le métavers aura un impact sur l’industrie de la mode.
- 76% des consommateurs veulent que leur avatar exprime leur créativité et leur individualité d’une manière telle qu’ils ne pourraient pas le faire dans le monde physiquez 80% croient que le métavers aura un impact sur l’industrie de la beauté.
Le marché du métaverse pourrait atteindre 783,3 milliards de dollars en 2024 contre 478,7 milliards de dollars en 2020.
Dans un récent article à la Tribune, Benoit Peyrichout, cofondateur d’Oceans.ai est convaincu que le Métaverse peut chambouler l’industrie de demain : « Les possibilités offertes par le métaverse sont loin de se réduire aux domaines du jeu et de la socialisation. C’est surtout en tant que facilitateur technologique que les retombées en termes de création de valeur et d’innovations seront les plus importantes, si certaines conditions sont réunies. Le métaverse va fondamentalement changer la manière dont l’économie fonctionne. (…) Certains parlent de « metaverse industriel ». C’est la même idée.
Le projet métaverse d’Oceans.ai
Et de présenter un projet concret et très impactant : « Chez Oceans.ai, nous ambitionnons de créer d’ici quelques années un métaverse qui puisse permettre d’anticiper et de prévoir l’impact de la corrosion sur les infrastructures énergétiques, par exemple. La corrosion, au sens large (aussi bien les pipelines, les conduites de gaz, les infrastructures routières, etc.) a coûté près de 84 milliards d’euros à la France en 2019. C’est l’équivalent de 3,5 % du PIB. Si nous pouvions mieux anticiper la dégradation des matériaux sous l’effet de l’environnement, cela permettrait de réduire les coûts engendrés ainsi que les risques et de renforcer la sécurité des biens. »
Révolution annoncée dans l’industrie de la mode
On imagine l’impact du Métaverse dans l’industrie de la mode : l’idée d’essayer ou consulter des vêtements qui existent seulement dans le monde virtuel peut paraître étrange à première vue, mais ce sera bien une réalité demain. Un expert note : « La mode a réalisé que le monde virtuel, malgré que celui-ci soit basé sur des créations imaginaires, a une grande utilité lorsque cela concerne les vêtements. L’évolution des technologies et programmes de design permet une liberté plus vaste pour tous les designers, bien que certains vêtements qu’ils dessinent ne peuvent jamais être portés dans le monde réel. Le Metaverse permet en effet à un avatar de porter n’importe quel vêtement sans aucune contrainte de type, de conception, de tissu ou encore d’utilisation. »
L’automobile a déjà enclenché la vitesse « marche »
Dans le secteur automobile, la plupart des grands constructeurs après McLaren, Alpine, le 22 avril dernier, Nissan et Toyota ont annoncé leur entrée dans le métaverse en vue d’offrir de nouvelles expériences aux utilisateurs. Nissan mise sur la création de salles de réalité virtuelle pour ses clients. Toyota, de son côté, table sur des environnements de télétravail pour ses salariés. Le métaverse aidera, également, très certainement les concepteurs à travailler sur des prototypes en temps réel avec d’autres créateurs dans le monde entier. Les nouveaux modèles pourraient être présentés de manière immédiate et beaucoup plus fréquente. Une présentation virtuelle permettra certainement d’éviter la fabrication physique de certains modèles…
Grande distribution : Carrefour pionnier à tous les niveaux
La grande distribution se positionne également déjà. Carrefour annonce avoir acheté une parcelle virtuelle dans lé Metaverse de la société Sandbox. Le distributeur y ouvrira bientôt un espace interactif. Si l’adresse du lieu est déjà connue, ce que le Carrefour y proposera n’a pas été dévoilé. « Restez à l’écoute pour les prochaines expériences et innovations”. Cette parcelle serait capable d’accueillir l’équivalent de 30 supermarchés ! Le groupe français commence, par ailleurs, a recruté via le Métaverse ! Il a récemment animé un événement de recrutement accessible en réalité virtuelle. Ce campus virtuel qui permet d’interagir avec des demandeurs d’emploi. Surréaliste ? Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour : “Faire passer un entretien d’embauche face à la mer à Paris : je faisais aujourd’hui mes premiers pas dans le Métaverse, sous les traits d’un drôle d’avatar, avec de jeunes candidats data analysts ou data scientists… Carrefour innove, apprend, surprend ! C’est le 1er évènement de recrutement de Carrefour dans le métaverse”. Et sans doute pas le dernier…
Le métaverse au carrefour des illusions ?
Certains le pensent…
Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP : « Seulement 15 % des Français sont favorables à ce que leur compte Facebook soit associé à des profils numériques dans les métaverses. De plus, moins d’un Français sur trois (26 %) déclare avoir confiance en l’entreprise pour créer et gérer un métaverse. (…) Pour l’instant, le tournant de Facebook vers les métaverses, illustré notamment par le changement de nom du groupe, ne semble pas porteur dans l’opinion publique française. »
Reggie Fils-Aimé, ancien directeur de la branche américaine de Nintendo : « Je ne suis pas un acheteur de cette idée. Je ne pense pas que leur définition actuelle sera couronnée de succès. […] vous devez admettre que Facebook lui-même n’est pas une entreprise innovante »
Strauss Zelnick, PDG de Take-Two : « J’ai toujours été sceptique à l’égard des mots à la mode, car ils signifient différentes choses pour différentes personnes et les personnes qui investissent dans les mots à la mode n’obtiendront probablement pas beaucoup de retour. (…) Je pense que là où réside mon scepticisme, c’est que toutes les entreprises croient soudainement que si elles disent le mot » métaverse « à côté de la stratégie commerciale de leur entreprise, elles changeront d’une manière ou d’une autre qu’elles vont changer, et Nirvana juste au coin de la rue est le cas, «
RLTY, la startup française en vue qui permet aux marques de se lancer !
En attendant, des projets voient le jour. La startup RLTY, lancée en janvier 2022, est la start-up française est en passe de se positionner comme la première solution événementielle métaverse mondiale. vient de lever 4 millions d’euros. Elle est dirigée par trois entrepreneurs reconnus — Raphaël Assouline, Jérôme Guilmet et Zack Sabban.
Raphaël Assouline a récemment confié à Forbes : « Nous sommes convaincus que les espaces 3D virtuels sont un nouvel Internet. Dans les mois et années à venir, nous consommerons Internet avec de plus en plus d’expériences enrichies et immersives. Aujourd’hui, nous interagissons avec nos ordinateurs, demain nous passerons par des casques de réalité virtuelle. De nouvelles versions de qualité supérieure sont actuellement en plein développement chez les plus grands. Avec RLTY, nous voulons permettre aux marques d’entrer dans ces mondes et de se lancer, dans un premier temps, avec des expériences ponctuelles. C’est, pour elles, une opportunité de déjà se positionner.
« Insuffisant si on veut réindustrialiser la France… »
Laissons le mot de la fin à Benoit Peyrichout qui dans La Tribune note : « L’enjeu désormais est de canaliser les fonds du private equity davantage vers les thématiques d’innovation dans l’industrie. C’est un challenge en France où les levées sont essentiellement dominées par le segment fintech et, dans une moindre mesure, par la medtech. Dans bien des cas, seul le corporate venture capital (fonds détenus par des grands groupes industriels) avec la Banque Publique d’Investissement (BPI) en appui sont présents. C’est insuffisant si on veut réindustrialiser la France et multiplier les filières d’excellence. »
Les débats sont ouverts !