Est-ce parce que le gouvernement américain n’arrive toujours pas à faire voter son plan d’aide militaire à l’Ukraine ? En tout cas, l’Europe semble vouloir renforcer sa part dans l’effort de guerre ukrainien contre la Russie.
Alors :
- Que la Commission européenne annonce vouloir muscler l’industrie européenne de défense.
- Que les dernières déclarations d’Emmanuel Macron redeviennent martiales (la dernière fois c’était pour partir en guerre contre un virus).
- Que notre Sénat vient de voter le fléchage d’une partie de notre épargne pour financer notre complexe militaro-industriel…
L’éditorialiste des Échos estime que : « Nous échapperons peut-être à la guerre. Mais nous n’échapperons pas à son effort. »
Il rappelle que l’Ukraine n’a pas des moyens de s’armer de façon autonome. Parce que la guerre nécessite, depuis l’avènement de l’époque contemporaine, des moyens industriels de masse dont elle ne dispose pas.
La guerre est passée, écrit-il, d’un affrontement principalement humain à une bataille d’investissements et de production. Les quantités y sont au moins aussi importantes que la qualité de ce qui est fabriqué.
À la lente évolution du progrès technique du Moyen Âge en matière d’armement, succède la dynamique de la révolution industrielle.
La guerre de Sécession, mais surtout la Première Guerre mondiale marquent une étape clé dans cette évolution. La capacité à produire rapidement de grandes quantités de munitions devient déterminante.
Jeune chercheur en histoire, je me souviens avoir lu des témoignages horrifiés d’officiers français. Ils découvraient, en conditions réelles, l’incroyable pouvoir de destruction des énormes quantités d’armement modernes sorti des usines de l’époque. C’était il y a un siècle. Alors imaginez aujourd’hui.
Jean-Marc Vittori rappelle que la société de consommation moderne plonge ses racines dans l’économie de guerre. Et c’est vrai que sa reconversion dans la production de biens civils, une fois les guerres mondiales achevées, l’ont fortement accélérée. En réalité, les deux sont liés. On se souvient que c’est notamment des usines Ford que sortaient les chars Sherman américains de la seconde guerre mondiale.
Pour lui, le conflit en Ukraine remet ces enjeux sur la table. Le défi actuel en matière de production de munitions et d’équipements militaires est gigantesque. Et notre niveau de désindustrialisation se voit comme le nez au milieu du visage. Car à 27 pays européens, nous ne sommes pas en mesure de produire suffisamment pour remplacer l’aide fournie actuellement par les Américains.
La baisse des capacités industrielles européennes, organisée par nos démocraties depuis la fin de la guerre froide, en sont les responsables.
Un camarade de classe (il s’appelait Jules C.) disait : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Espérons qu’il avait tort.