Avez-vous déjà essayé de redonner confiance à un public anxieux en commençant votre discours par « n’ayez pas peur » ?
Dans notre pays de paranoïaques qui pensent que derrière chaque discours positif se cache un coup fourré, ces mots produisent généralement le contraire de l’effet recherché : Ça inquiète tout le monde.
C’est pourtant l’angle de communication qu’a choisi Marc Ferracci dans l’interview qu’il vient de donner aux Échos.
Alors certes, il n’est pas juste d’accabler un nouvel arrivant avec le bilan de ses prédécesseurs. Et il faut bien du courage pour prendre des responsabilités dans une période si dure. Si le ministre veut venir boire un coup avec nous les jours de grande solitude, nous lui rappelons que notre club est ouvert à tous les défenseurs de l’industrie.
Mais on aurait pu espérer que l’urgence budgétaire actuelle incite le gouvernement à lancer des réformes toujours repoussées.
Comme celle de la dépense publique. 65 % de ses budgets sont dépensés en produits importés. Imaginez les rentrées fiscales générées par ces dépenses si l’État français était aussi patriote que l’est l’État allemand (qui dépense made in Germany à 80 %).
Hélas, non… Alors, ce sera plus de prélèvements. Une formule utilisée par Marc Ferracci semble le confirmer. Il a en effet déclaré aux Echos vouloir « modérer les réductions d’exonérations de charges envisagées » pour les entreprises.
Cette phrase, qui vaut bien le « plus tu pédales moins fort et moins tu avances plus vite » des Shadoks, semble indiquer qu’il veut éviter l’augmentation des charges sociales… Mais qu’il n’y croit pas beaucoup.
Oui, pardon à ceux qui ne parlent pas couramment le Science-Po, mais la formule du ministre n’est pas alambiquée pour rien. Car chez nous, quand un gouvernement a augmenté les prélèvements sur les entreprises de façon déraisonnable et que les conséquences sociales se font sentir, lui ou son successeur les réajuste.
Soit en baissant le taux de prélèvement. Cela a été le cas pour l’IS. Là, c’est simple, tout le monde comprend. Du coup, ça n’est pas drôle.
Mais plus généralement, au lieu de se contenter de baisser le taux qu’il a trop monté, le gouvernement préfère agir de façon plus sophistiquée. Il laisse les prélèvements à un niveau déraisonnable mais en compense les effets délétères par un dispositif complexe d’exonérations ou de crédits d’impôt.
Les entrepreneurs appellent ça l’enfer administratif français. Ils dépensent leur énergie à quémander de l’argent qu’on leur a prélevé auparavant. Les anticapitalistes appellent ça des cadeaux aux patrons.
On lit aussi dans l’interview que l’objectif actuel du ministre est de « préserver le coût du travail ». Plus question de l’alléger donc. Ni de revaloriser le salaire net en diminuant les charges et en compensant le tout par TVA sociale.