C’était la semaine dernière, lors du dîner parisien des Forces Françaises de l’Industrie. Paul Bougnoux, président et fondateur de Largillière Finance, nous faisait l’amitié de nous recevoir dans ses locaux.
Alain Juillet était l’un de nos invités.
Cet ancien patron de la DGSE avait pour mission de nous parler de l’impact de la géopolitique sur la renaissance (réelle ou supposée) de l’industrie française. Il l’a fait… Et ça a un peu piqué quand même.
Selon lui, la vision qu’ont les Européens de l’Ouest de la géopolitique est biaisée. Elle part du principe que les valeurs que nous avons inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme sont universelles.
Elles ne sont, en réalité, que des valeurs européennes que nous avons érigées en idéal et en objectif à atteindre pour le reste du monde qui, lui, ne les partage pas.
Ainsi, si les Européens semblent avoir renoncé à toute politique de puissance pour se concentrer sur des combats éthiques et climatiques, ce n’est pas le cas du reste du monde.
Hors d’Europe, « le Grand Jeu du moment, c’est : qui sera le pays le plus puissant en 2050 ? La Chine veut reprendre la place de n°1 qu’elle a longtemps occupée et les USA veulent la garder. Et bientôt, l’Inde entrera dans le bal. »
Il considère que Trump va tout faire pour accélérer la croissance américaine en l’allégeant de tout ce qui la retarde.
Face à la compétition que se livrent ces empires, « nous avons besoin d’une Europe forte, a rappelé Alain Juillet. Car, à l’échelle mondiale, les grands blocs passent des deals entre eux. Il faut donc peser lourd et améliorer notre position de force. Mais j’ai peur que nous n’y arrivions pas. »
Il craint que le renoncement européen affaiblisse durablement notre économie et notre capacité à faire entendre notre voix dans le monde.
« Il n’y aura pas de croissance en Europe dans les prochaines années. Vous, chefs d’entreprise, devez donc aller chercher la croissance là où elle se trouve : en Asie, mais aussi en Afrique, qui est en plein décollage. »
« Oui, mais les Africains ne veulent plus de nous », a réagi une personne du public.
« C’est inexact, a répondu Alain Juillet. Les Africains travaillent en ce moment avec tous ceux qui les respectent. Ils sont prêts à travailler avec nous. Ce qu’ils ne veulent plus, c’est de l’arrogance française. Il va falloir cesser de croire que nos valeurs sont meilleures que celles des autres et qu’il faut les leur imposer. »
Il se trouve que notre partenaire, Le Club des Diasporas Africaines de France et Amis de l’Afrique nous a proposé d’être partenaires de l’événement « Industrialisation de l’Afrique », qui se déroulera le 3 avril prochain à Dakar.
Et vous savez quoi ? On a dit oui.