Le temps de la mondialisation heureuse est visiblement terminé dans l’esprit de nos dirigeants. C’est ce qu’a dit, en substance, notre ministre de l’Économie, rapporte un article de La Tribune du 5 avril dernier.
Face au déferlement des produits chinois sur l’Europe, voitures électriques et panneaux solaires en tête, Bercy a clairement changé de ton, ces derniers mois.
Et pour cause. En proie au marasme de son marché intérieur, la Chine a relancé sa pompe à subventions à l’export. Si bien que ses produits arrivent deux fois moins chers qu’avant dans nos ports.
Les États-Unis, quant à eux, poursuivent leur colossale opération de séduction des industriels mondiaux. L’Inflation Reduction Act (IRA) accorde des quantités astronomiques d’aides fédérales à tout projet de réindustrialisation.
Ces deux puissances ont gardé, avantage compétitif supplémentaire, un prix d’énergie bien plus bas qu’en Europe. Ceci grâce à un principe de realpolitik que notre haut niveau de moralité politique nous a interdit de suivre.
L’une, la Chine, a gardé des relations amicales avec la Russie. Elle profite donc largement de son gaz bon marché. L’autre, les USA, n’ont pas hésité à exploiter leurs immenses réserves de gaz et de pétrole de schiste. Elle peut donc s’y opposer sans crainte de pénurie énergétique.
Coincés entre ces deux géants, l’Union européenne tente, depuis quelques mois, de réagir. Mais le délai entre les prises de position ferme de ses dirigeants et le passage à l’acte est long. Très long. Et les dispositifs d’actions qui en découlent sont bien plus complexes qu’ailleurs.
Bruno Le Maire en est conscient. C’est pour cela qu’il a récemment déclaré que « L’Europe ne peut pas devenir le continent de la paperasse ». En prévision, sans doute, des discussions qu’il s’apprête à mener avec les deux autres grands pays de la zone euro : l’Allemagne et l’Italie.
Bon, n’importe quel chef d’entreprise, agriculteur, médecin ou policier aurait pu répondre que le mot « devenir » était mal choisi. Car l’enfer administratif dont le ministre veut nous sauver, nous y sommes déjà jusqu’au cou.
Mais qu’importe. Notre ministre souhaite faire progresser les capacités de défense dont dispose l’Europe face à ce qu’il a appelé « des adversaires qui ne font pas de cadeau ». Et ça c’est une bonne chose.
- En réservant une partie des dépenses publiques aux PME et ETI européennes. Comme le font déjà la Chine et les États-Unis.
- En « simplifiant les normes et en débureaucratisant le continent européen. (…) L’idée serait de passer d’un seuil de 250 à 500 salariés pour appliquer des exemptions de normes comptables, financières ou extra-financières aux entreprises européennes », rapporte l’article de La Tribune.
Et il est temps, car Bercy rappelle que le déficit commercial de l’Europe vis-à-vis de la Chine s’établit à plus de 200 milliards d’euros.