Ceux qui regardent encore la télé (les plus de 45 ans, donc) l’ont vu. En cette période de délire Black Fridien, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie a lancé une campagne contre la consommation. On y voit un « dévendeur » déconseiller à des clients d’acheter ses produits.
La posture est surprenante et donc assez comique.
Les acteurs sont bons. Bref, le message passe avec efficacité. Vous pouvez vous passer d’un produit ? Alors faites-le. « C’est mieux pour la planète et pour votre porte-monnaie », conclut le dévendeur.
J’avais trouvé le spot de la dame qui vient se renseigner sur une machine à laver assez bon. Le dévendeur l’envoie faire réparer son ancienne plutôt que de la remplacer par une neuve. Je m’étais dit qu’il s’agissait de faire la promotion de l’économie du reconditionnement qui crée beaucoup d’emplois en France.
Puis j’ai vu le spot sur le textile. Et là, franchement, le message n’est pas bon. La blague aurait pu être drôle, mais il en manque la chute. En cette période de crise du secteur textile français et alors que commence la période des achats de Noël, on aurait aimé autre chose.
Quelques secondes de plus, peut-être, pour faire la promotion des producteurs français qui ne représentent plus que 3% des produits achetés en France ?
Ils se battent pour réinventer une mode responsable, réparable, avec des matières qui respectent l’environnement. Une mode qui maintient de l’emploi sur nos territoires quand les autres versent de bas salaires à des employés du bout du monde (ce qui leur permet de gagner de l’argent, même quand ils soldent à 70%).
Quelques secondes de spot qui auraient pu dire que travailler en circuit court permet aux boutiques de ne pas sur-stocker. Et donc de ne pas bazarder la précédente collection pour faire place à la nouvelle via des soldes sacrifiées.
Quelques secondes qui auraient pu dire que les PME françaises qui conçoivent des produits durables et réparables ne sont pas de celles qui polluent sans vergogne.
Plus généralement, la décroissance que prône l’ADEME est révélatrice de la schizophrénie d’un modèle français qui :
- D’une main, distribue les dépenses sociales les plus généreuses du monde. Des dépenses auxquelles les Français sont attachés si on en juge par la mobilisation récente pour les retraites.
- De l’autre main, critique et entrave l’activité économique de nos PME. PME qui payent les cotisations qui financent les dépenses sociales susdites. (J’avais envie d’écrire un mot comme ça avant de conclure).
Voilà, chère ADEME. Un complément de message aurait été nécessaire à votre spot.
Je sais bien que chaque seconde de pub coûte cher. Mais quitte à dépenser l’argent qui provient des impôts de nos entreprises, autant veiller à ce que cela ne leur nuise pas. Un jour, vos budgets et vos salaires pourraient s’en ressentir.