Chers résistants, chères résistantes, chers soutiens.

Que vivent les Jeux Olympiques de Paris !

Pour leur ouverture, les jeux étaient grandioses, innovants. Ils ont convoqué les arts et les techniques les plus avancées au service de tableaux surprenants, poétiques ou débauchés.

Des musiques qu’écoutaient mes parents (Sheila, Polnareff…), en passant par celles qui font danser mes enfants, jusqu’à la beauté éternelle de Piaf dont Céline Dion a probablement produit la plus belle interprétation de mémoire d’Homme.

De scènes dégoulinantes d’un progressisme décadent digne de celui des plus illustres cités grecques (rappelons aux téléspectateurs qui se sont émus de voir certains personnages à moitié nus que les JO antiques, tout comme la pratique de la gymnastique d’alors, se faisaient dans le plus simple appareil)… À la splendeur classique d’une Marseillaise divinement clamée du toit d’un des plus beaux monuments du monde… Tout a été fait pour surprendre, au risque de choquer, des téléspectateurs qui, à chaque édition, étaient de moins en moins nombreux à regarder ce qu’ils pensaient être une cérémonie d’ouverture formelle et bien trop ennuyeuse.

Et là, franchement, l’objectif a été atteint.

Car, qu’ils aient été conquis par l’audace et la magnificence, ou heurtés par une irrévérence leur inspirant colère ou dégoût, on peut dire que tous les habitants de notre planète ont parlé de la France, ces derniers jours.

Des milliards de tweets et de commentaires enflammés pleins d’admiration ou de fureur ont déferlé sur les toiles, les journaux et les télés. Avec, à chaque fois, l’éclat de notre capitale comme décor.

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On nous avait promis une cérémonie inclusive. On en a donc eu une. Avec toutes ses limites. Notamment celle de n’inclure que ceux que les organisateurs leur trouvaient compatibles. Les valeurs progressistes à la mode dans un Occident qui se pense comme le monde ont eu la part belle… Au milieu de quelques symboles émanant d’un passé sévèrement sélectionné.

J’ai personnellement aimé l’appel à la réconciliation entre des danseuses et chanteuses incarnant la culture urbaine et la Garde Républicaine représentant les forces de l’ordre. On aura d’ailleurs pu remarquer les efforts des hommes en uniforme pour se dandiner en rythme et ceux des danseuses pour leur adresser un salut militaire. Force est de constater que les uns n’étaient pas vraiment à l’aise dans l’application des codes des autres (les pas de danse du meneur de la garde ont fait rigoler mes enfants). Mais n’est-ce pas ainsi qu’on montre du respect et qu’on tend la main à ceux qui nous font face ?

Les passages de relais jusqu’à la vasque étaient absolument parfaits de sens et de beauté.

Et la vasque elle-même était le juste clou de ce grandiose spectacle. Symbole d’une maîtrise industrielle rare (bravo aux équipes EDF !), au service d’une imagination exceptionnelle, elle a remis au cœur de l’imaginaire national, l’excellence de nos savoir-faire et de notre génie technique. Tout comme l’a fait le cheval de fer flottant et ce passage à la gloire des ouvriers qui réparent, depuis 5 ans, l’immortalité de Notre-Dame de Paris que le feu avait abîmée. Sans doute y avait-il ici de belles inspirations aptes à nourrir le récit qui réconciliera pour de bon nos concitoyens avec leur industrie.

Salutations respectueuses, au passage, à Mahi TRAORE, qui passe de temps en temps aux soirées de notre club. Elle dirige l’école du verre et du vitrail, dont certains anciens élèves restaurent les vitraux de la grande dame.

Je dois admettre, enfin, que l’enchaînement entre le si joli duo Juliette Armanet – Sofiane Pamart et l’absurdité déglinguée d’un Philippe Katerine surgissant en Dionysos bleu, à poil, au milieu d’un plateau de crudités géant m’a bien fait marrer. Même si, bien sûr, mon âme de catholique pratiquant, pourtant habituée aux vexations que lui inflige notre anticléricalisme traditionnel, a sursauté en apercevant la parodie de la Cène.

J’ai, sur ce point, lu à plusieurs reprises qu’il s’agissait plutôt du « Festin des Dieux » de Jan Harmensz van Biljert, peint vers 1635 et conservé au Musée Magnin à Dijon. Avec, en son centre non pas le Christ, mais Apollon couronné. Dionysos est allongé au premier plan.

Donc, pas de volonté de choquer, nous dit-on.

Les déclarations qu’a faites Thomas Jolly dimanche soir pour apaiser la colère des millions de chrétiens du monde entier qui hurlaient leur indignation sur les réseaux en appelant au boycott des JO et de la France, vont d’ailleurs dans ce sens.

Il y aurait donc eu maladresse.

Je ne peux, quant à moi, m’empêcher de penser qu’il s’agissait bien là d’un doigt d’honneur des maîtres de cérémonie à la partie plus traditionnelle de la France. Ou tout du moins d’une bourde monumentale qui, consciente qu’elle roulait sur la fierté d’une partie du pays sur un air de « ils ne vont pas nous gonfler », a oublié qu’il y avait, dans le reste du monde, des gens plus chatouilleux. Moins rompus à notre art des polémiques futiles et à notre passion pour les divisions, ils ont pris ce clin d’œil irrespectueux pour un affront volontaire.

Il y a là, les amis, tout ce qui ne va pas dans la France contemporaine.

Ce militantisme qui ne prêche plus la tolérance que pour lui-même et ses excès est en train de faire l’erreur qu’ont commise ses aïeux avant lui. Considérant la concorde nationale bien trop lente à évoluer dans son sens, il pense encore, malgré les implacables leçons de l’histoire (notamment les terribles époques des guerres de religion ou de la terreur révolutionnaire), qu’on fait plus vite avancer sa cause en humiliant ceux qui ne la partagent pas.

Mais la seule chose que l’on nourrisse ainsi, c’est l’opposition à ces mêmes valeurs. Une opposition qui, en prenant du poids (déjà considérable si on se réfère aux dernières élections), finit par renverser les équilibres en place.

Car l’histoire n’est pas ce cours à sens unique que chaque époque sanctuarise à coups de jamais et de toujours. Elle est, au contraire, un balancier sans fin qui repart d’où il est venu dès qu’une force a poussé si loin son avantage qu’elle en a généré une autre, une contre-force, qui lui soit plus puissante.

À ce titre, combien de commentaires positifs sur la cérémonie en général ou sur certains de ses tableaux en particulier se sont terminés par un « les fachos en PLS » aussi superflu que regrettable ? Des commentaires émanant souvent, d’ailleurs, des mêmes partis qui, après avoir hurlé pendant des mois sur des « JO de la honte » qu’il fallait boycotter, exultent parce qu’ils voient tout à coup en eux un moyen de railler cette France des régions qui aurait si mal voté.

C’est là mon grand regret.

Je n’irai pas jusqu’à dire ce que certains répètent, prétendant que cette cérémonie était là pour installer un projet politique woke. Ceux qui disent cela n’ont pas compris qu’il y avait dans chaque tableau qu’elle nous a présenté, même les plus provocants, une recherche de l’excellence, de l’exigence dans la conception et dans l’exécution, une ambition pour faire mieux que tout ce qui a été fait avant. Ceci est à mille lieux de l’égalitarisme qui produit la médiocrité agressive des wokistes.

Et c’est précisément parce que cette ambition était partout que j’ai passé outre ma petite blessure d’orgueil. Ainsi ai-je personnellement apprécié tous les tableaux de cette cérémonie, dont la diversité bordélique confinait parfois à l’incohérence.

Elle aurait certes dû faire plus d’efforts, dans un pays courroucé, pour unir et apaiser ceux qui, pourtant voisins et compatriotes, ne se parlent désormais que pour s’insulter. Mais son directeur artistique et les officiels qui ont validé ses fresques, en tentant de s’excuser, depuis trois jours, aux yeux du monde pour leur outrance, prennent une leçon qu’ils retiendront peut-être, cette fois-ci. Je sais, l’espoir fait vivre.

Quoi qu’il en soit, la grandiose émotion qu’inspira l’interprétation que Céline Dion fit de Piaf, aura fini par me convaincre que cette cérémonie était porteuse d’espoir. Car si une Américaine (Québécoise, certes) sait à ce point magnifier une chanson centenaire, perchée sur un monument que les grincheux d’avant voulaient démonter tant ils le trouvaient laid, sait faire à ce point l’unanimité du pays et du monde, c’est donc que c’est possible.

Cet immense événement était donc dans la lignée de ceux qu’un Louis XIV (dont on a oublié qu’il savait provoquer ses contemporains, à grand renfort de luxe, de transgression de mœurs et d’arrogance splendide) utilisait en son temps pour marteler son message au monde : Si l’art sait émouvoir, s’il transgresse, s’il choque, il le fera toujours mieux en France. Car ici, il est partout chez lui.

Reste à le réconcilier avec le génie inventif de nos ingénieurs et le talent, le savoir-faire de nos ouvriers. Thomas Jolly l’a fait quelques fois, d’ailleurs. Ceci pour ressusciter une industrie puissante qui, consciente de ses responsabilités sociales et environnementales, aidera notre pays à retrouver la concorde par le goût de la gloire que donnent la beauté, l’excellence et les exploits. Sportifs ou pas.

Alors, malgré mes quelques regrets bien vite envolés, je le répète ici : Que vivent l’art, les JO, la France… Et New Duralex® International aussi.

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