Les auditions visant à comprendre les raisons de nos difficultés à réindustrialiser la France se poursuivent au Sénat. Après celle d’Olivier Lluansi, vint celle de Florent Menegaux, PDG de Michelin.

Voici ce que Le Figaro retenait de son intervention. Merci à Patrick BELLITY pour m’avoir alerté !

Convoqué pour parler de la crise de l’automobile européenne, Florent Menegaux n’a pas hésité à dire les choses. Des choses qu’on n’aime pas entendre dans notre pays champion de l’hyper-administration. (Malgré nos efforts, la Corée du Nord est encore devant nous. Mais on peut les rattraper si on s’y met tous.)

Le PDG estime que Michelin fait face à « une invasion massive de pneumatiques en provenance d’Asie ». Invasion à laquelle il a du mal à répondre tant le système européen s’est enlisé dans un « cauchemar administratif » qui génère lenteur, complexité et surcoûts.

Face au marasme que nous avons choisi nous-mêmes de nous infliger, nos compétiteurs foncent, investissent, simplifient à grands pas.

Bilan : l’Europe a décroché.

En matière de coûts de production, l’Europe est deux fois plus chère que l’Asie en 2024. Elle n’était que 34 % plus chère en 2019.

En cause : la flambée des prix de l’énergie. Elle impacte lourdement des entreprises comme la sienne, fortement consommatrices d’énergie.

Certes, la France dispose d’une électricité décarbonée au coût de revient inférieur à la plupart de ses voisins. Mais la fixation administrée des prix fait qu’elle reste plus chère qu’aux États-Unis.

Nos coûts salariaux ne permettent pas de rattraper cet écart. Au contraire.
Le PDG a réaffirmé son engagement pour que ses employés aient « un salaire décent ». Mais il dénonce les écarts entre le coût salarial brut et le net en France.
– Le coût moyen pour une entreprise est de 142 € pour 100 € bruts, alors que le salarié ne perçoit que 77,5 €.
– Cette différence est bien moins forte en Allemagne (120 € pour l’entreprise, 80 € pour le salarié) ou au Canada (115 € pour l’entreprise, 85 € pour le salarié).

La fiscalité élevée de la France (il a rappelé que nous étions en tête des prélèvements obligatoires en Europe) entrave, elle aussi, sa compétitivité.

Ajoutez à cela la complexité réglementaire européenne, qualifiée de « cauchemar administratif », et vous comprendrez pourquoi nos usines ferment plus facilement qu’ailleurs.

Une directive européenne, a-t-il rappelé, donne lieu à 27 déclinaisons locales, compliquant la gestion et les investissements à long terme. Cette réglementation « étouffante », combinée à la concurrence chinoise et américaine, rend l’Europe de moins en moins attrayante.

Des problèmes dénoncés depuis des décennies, qu’on n’a toujours pas décidé de régler.

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