Il est toujours frustrant de s’effondrer quand on est proche du but. C’est pourtant ce qui est arrivé au Suédois Northvolt, pionnier de la batterie pour automobile en Europe.
Sa gigafactory de Skelleftea était, d’après les Échos, à deux doigts d’atteindre la production de masse. Mais l’échec de ses deux dernières levées de fonds l’a obligé à fermer boutique.
Pour les employés, c’est l’abattement. Les uns pointent l’impatience d’actionnaires qui ont refusé de réinjecter des fonds. Les autres avouent des dysfonctionnements internes qui auraient nui à l’efficacité de l’entreprise.
Sans doute y a-t-il eu un peu de ces deux causes pour produire une telle conséquence.
Côté actionnaires, Volkswagen a effectivement renoncé à injecter plusieurs centaines de millions d’euros. BMW Group a annulé, quant à lui, une commande de plus d’un milliard d’euros. Mais les deux constructeurs, en proie aux difficultés de leur secteur, avaient perdu confiance dans l’équipe et le projet. Ils ont préféré arrêter les frais.
Car malgré 10 milliards d’euros levés en capital et 8 milliards en dette, Northvolt n’a pas atteint les objectifs qu’elle avait annoncés.
Dès le début, l’entreprise a connu des difficultés techniques majeures.
Des spécifications trop floues, des documentations mal traduites (les machines utilisées étant chinoises) et un support technique inadapté auraient causé de nombreux problèmes aux équipes en charge du processus de production.
Mais Northvolt aurait également péché par excès d’ambition. Ses fondateurs, Peter Carlsson et Paolo Cerruti, auraient beaucoup promis aux investisseurs afin de lever rapidement des sommes considérables. Cela aurait entraîné une dispersion de ressources et aurait empêché une montée en puissance progressive et efficace.
Leur intention de contrôler l’ensemble de la chaîne de valeur, du recyclage des cellules à la fabrication de groupes électrogènes électriques, était « déraisonnable ». Selon Les Échos qui citent un ingénieur Northvolt.
« Nous avons grandi à une vitesse qui n’était pas viable, dispersant nos talents sur nos différents projets. Nous aurions dû nous concentrer sur la fabrication de batteries et nous diversifier pas à pas. »
La France n’est pas la Suède. Mais dans son ouvrage « Réindustrialiser : Le Défi d’une génération », Olivier Lluansi regrette qu’on mette, chez nous, l’essentiel de nos investissements sur des projets risqués (giga-projets et innovations de rupture). Cela oppose ces derniers à l’immense masse des PME qui peinent, elles, à trouver des investisseurs. Alors même qu’elles sont rentables et que leurs produits ont fait leurs preuves.
Ne pourrait-on pas rééquilibrer cette situation ? PMEnation
Aux FFI, on aime les startup. Mais on s’emploie aussi à présenter à notre communauté d’investisseurs les projets des PME membres de nos clubs.
On vous attend.