Il y a des rapports qui passent inaperçus alors qu’on ne devrait parler que d’eux. Cela aurait été le cas de celui de l’Agence internationale de l’énergie, si l’indispensable magazine L’Express n’en avait pas parlé.
Publié le 17 octobre, ses dernières projections sont claires :
– L’économie mondiale s’électrifie rapidement. La consommation d’électricité augmente deux fois plus vite que la consommation d’énergie en général.
– Surtout dans les pays en développement. Ils représentent 80 % de cette hausse.
– Et, oh surprise ! C’est en Chine que cette progression est la plus spectaculaire : Elle pèse, à elle toute seule, 45 % de la progression des pays en développement. Oui, pardon, calculer combien fait 45 % de 80 % en pleines vacances de la Toussaint, ça n’est pas évident pour tout le monde.
Dotée d’une plume agréable, Cécile Maisonneuve, auteure de l’article, a également le sens de la formule. En exhumant l’une de celles que prononça Deng Xiaoping en 1992, elle nous montre à quel point la politique chinoise se projette à long terme. « Le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares ».
Depuis, la Chine détient « un quasi-monopole sur les 17 éléments métalliques indispensables, du fait de leurs propriétés, à la fabrication de systèmes de haute technologie, non seulement dans les nouvelles industries vertes, mais aussi dans la radiographie médicale ou l’industrie de défense. »
Pendant que nous, Européens :
– Avons procédé au démantèlement de nos réserves stratégiques en métaux critiques « pour s’en remettre au marché ».
– Nous disputions pour fixer des règles sur le pourcentage d’énergie renouvelable intermittente qu’il fallait dans notre mix…
… La Chine se concentrait sur la fabrication des moyens de produire cette énergie. Elle est, d’ailleurs, devenue le leader incontestable du secteur.
« L’Europe regardait le doigt quand la Chine regardait la Lune… »
Moins sensibles aux discours moralisateurs de minorités remuantes, les États-Unis ont fini par comprendre les risques que représente cette écrasante domination. Indépendants énergétiquement grâce au développement de leurs industries pétrolières et gazières :
– Ils ont pris des mesures protectionnistes claires et rapides pour protéger leur marché.
– Le temps de rattraper leur retard par des investissements massifs. L’IRA leur a permis de considérablement accélérer en la matière.
L’Europe, quant à elle, rappelle Cécile Maisonneuve qui conseille le centre Énergie et Climat de l’Ifri, reste engoncée dans ses débats contradictoires. Notamment sur l’interdiction des motorisations thermiques qui entretient sa dépendance vis-à-vis de l’Empire du Milieu.
En France, on a longtemps pensé que les Européennes c’étaient des élections pour de faux. On découvre mois après mois qu’on aurait dû mieux choisir les députés qu’on a envoyés défendre nos intérêts ces 30 dernières années.