La prise de conscience des erreurs politiques du passé serait-elle en cours ? C’est bien possible.
Hier, le Sénat organisait une table ronde intitulée « Défaillances d’entreprises : alerte rouge ». On y rappelait :
– Que l’économie française détruisait en ce moment plus de 3 200 emplois par semaine dans les PME.
– Que le système kafkaïen qu’on a créé à coup de bonnes intentions (on dit « for good » dans les startups) avait peut-être une responsabilité dans le nombre impressionnant de faillites d’entreprises du moment.
Ailleurs en Europe, le niveau de conscience du problème est encore plus haut. On ne débat pas pour savoir s’il est moral ou pas qu’un patron du CAC40 gagne presque autant que le joueur de foot le moins payé de la Ligue des champions.
Non, dans ces terres plus pragmatiques que la notre, ouvriers, cadres et patrons dénoncent plutôt le système ultra-contraignant qui étouffe la croissance économique européenne.
Hier, une confédération de syndicats européens, IndustriALL Global Union (mot issu d’un dialecte breton), défilait sur une place de Bruxelles.
« Des salariés de la sidérurgie, de l’automobile ou de la chimie » y étaient présents, écrit l’AFP dans un article diffusé par L’Opinion.
« Il est temps que l’Europe se réveille. L’industrie européenne traverse une crise profonde », a déclaré Judith Kirton-Darling, secrétaire générale de cette fédération.
« Union européenne, réveille-toi ! » ou « Sauvez notre acier ! », pouvait-on lire sur les pancartes tenues par des employés de tous grades.
– Des sidérurgistes tchèques demandant à « protéger les emplois ».
– Des employés italiens de l’industrie automobile déclarant qu’« il n’y a pas assez de boulot » et qu’ils n’arrivaient plus à travailler que « deux ou trois jours par semaine ».
– Même notre bonne vieille CFDT métallurgie y était.
Tous demandent que l’Europe se dote d’une stratégie industrielle digne de ce nom.
Les manifestants ont dénoncé tour à tour le « dumping » des produits chinois, les tarifs douaniers à venir aux États-Unis, le coût élevé de l’énergie…
« L’industrie est en train de se faire laminer », clame le syndicat belge FGTB Métal. « En Europe, il faut toujours un laps de temps infini pour protéger l’industrie. »
Face à cela, l’exécutif européen « a promis de faire de la compétitivité économique l’axe principal des cinq ans qui viennent », selon l’AFP.
Stéphane Séjourné, commissaire européen chargé de la stratégie industrielle, a même promis des plans d’urgence sectoriels !
On aurait aimé que tous ces hauts commissaires et ces députés vertueux écoutent les industriels avant de créer la bête qui les dévore aujourd’hui. Mais on les félicitera quand ils auront rectifié le tir.
Il paraît que les pompiers pyromanes sont félicités quand ils ont éteint, in extremis, l’incendie qu’ils ont eux-mêmes déclenché.