Sylvain est l’un des membres du club des Forces Françaises de l’Industrie que nous avons décidé de mettre en lumière. Ceci afin de montrer les nouveaux visages de l’industrie française. Car pour constituer le nouveau récit d’une industrie qui soit plus positive, plus moderne, plus responsable et bienveillante, il faut s’appuyer sur de nouveaux personnages. Eux ont la fraîcheur et incarnent des valeurs que le grand public ne voyait pas dans l’image qu’il avait du secteur manufacturier.

HEXANA, société qu’il a co-fondée et qu’il préside, vient de boucler une levée de fonds de 25 millions d’€, ce qui, à une époque où les levées de fonds se sont raréfiées, est une véritable performance.

Des grands groupes aux startups… jusqu’au CEA

Sylvain Nizou est curieux par nature. Il est animé par ce qu’il appelle lui-même des « valeurs industrielles ».
« Pour moi, l’industrie est synonyme de rigueur, de créativité et d’engagement pour la durabilité. C’est une nécessité au bien commun, pour notre économie »
Après avoir suivi une double formation, tant technique que managériale (ingénieur diplômé de Polytech d’Orléans et un doctorat en physique des semi-conducteurs à l’université de Tours), il a commencé sa carrière dans un grand groupe, ST Microelectronics. Mais l’appel du monde des startups ne tarde pas à résonner à ses oreilles. Il rejoint SOL IN G, qui travaille sur des solutions de toitures solaires. Il en occupe la direction de la R&D.

Il fait ensuite un premier passage dans l’une des antres de l’innovation technologique française, le CEA, avant de passer deux ans dans un bureau d’étude qui s’intéresse à la radioprotection (nucléaire), puis de retourner au CEA. Il y restera plus de cinq ans, cette fois, et s’intéressera à l’économie circulaire du carbone, une stratégie de décarbonation des industries par le remplacement des combustibles fossiles.

HEXANA, le déclic entrepreneurial

Pour Sylvain, tout commence avec des événements marquants qui l’ont poussé à s’engager davantage.
Le premier est l’arrêt du projet de réacteur expérimental ASTRID, symbole d’un potentiel industriel avorté, qu’il découvre en 2019 en même temps que les enjeux relatifs à cette technologie et ce qu’elle représentait. Cet arrêt a été un véritable électrochoc.

« Ce projet incarnait l’innovation française au service du nucléaire durable et souverain, complémentaire à la filière nucléaire historique. Son interruption a été une frustration immense pour beaucoup de monde, mais aussi le point de départ d’une réflexion plus profonde en ce qui me concerne », explique-t-il.

ASTRID, et Superphénix avant lui, ont fait les frais de deux alliances électorales successives entre un parti de gouvernement et un parti anti-nucléaire. L’un et l’autre étaient pourtant cruciaux pour maintenir l’avance considérable qu’avait notre filière des réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium (RNR sodium) sur celle des autres pays.

L’enjeu était de fermer le cycle du combustible, c’est-à-dire de retraiter et de réutiliser des combustibles nucléaires et des coproduits de la filière pour alimenter ces réacteurs. En gros, bâtir une économie circulaire sur les matières nucléaires, gage de sérénité énergétique à long terme offrant également une réduction de la production de déchets nucléaires.

Outre qu’elle produisait de l’électricité sans besoin d’ouvrir d’autres mines d’uranium, cette technologie permettait de réduire la dangerosité de ces déchets.


Un autre moment fort a été la vente des turbines Alstom, pourtant indispensables à la souveraineté de notre parc nucléaire, à l’Américain General Electric. « A quoi bon innover et développer des industries stratégiques en France si nos trésors nationaux nous filent entre les doigts ? », s’interroge Sylvain.

Ces épisodes, qui démontrent que certains choix politiques ont parfois pu être défavorables pour cette filière RNR sodium, ont convaincu Sylvain de l’urgence de préserver le savoir-faire national.

« J’ai décidé de transformer ma déception en une action concrète : m’engager à ma façon pour contribuer à répondre aux de défis industriels d’aujourd’hui et de demain. Soutenir une production d’énergie bas-carbone souveraine et durable pour remplacer le pétrole et le gaz devenait donc une évidence »

C’est ainsi qu’est né HEXANA, un projet qu’il décrit comme la synthèse de ses convictions et de son expertise.


HEXANA est, en effet, l’une de ces startups du nucléaire qui, avec la bienveillance du CEA, du programme France 2030 opéré par Bpifrance et d’autres entités publiques et privées, ont décidé de capitaliser sur ce patrimoine technologique et de contribuer à relever le drapeau de la filière nucléaire des RNR sodium, laissé à terre, au service de la décarbonation et la compétitivité des industries stratégiques.

HEXANA : une plateforme énergétique SMR au service de l’industrie durable

Pour Sylvain, les énergies renouvelables sont au cœur de la transformation industrielle. « Intégrer ces sources d’énergie, ce n’est pas seulement un choix écologique, c’est une nécessité stratégique. Elles permettent aux entreprises de gagner en compétitivité et de répondre aux attentes sociétales. Néanmoins, seules, elles ne peuvent pas résoudre la totalité du problème de notre transition énergétique »

Alors, depuis sa création, HEXANA se concentre sur la conception d’une solution de fourniture de chaleur et d’électricité décarbonées pour accompagner les grandes industries fondamentales des secteurs de l’acier, de la chimie, du ciment et des carburants dans leur décarbonation et leur quête de compétitivité sans quoi elles quitteront nos territoires.

Elle utilise la technologie historique des RNR sodium mais intégrée dans des petits réacteurs nucléaires modulaires pour optimiser le modèle industriel, réduire les coûts de fabrication et les durées de construction. « Ces réacteurs représentent une avancée significative pour remplacer les combustibles fossiles importés, décarboner les processus industriels tout en garantissant une production énergétique fiable », affirme-t-il.

HEXANA croit en la complémentarité du nucléaire et des énergies renouvelables. Elle a d’ailleurs intégré à ses SMR un système de stockage d’énergie qui permet de venir idéalement compléter la fourniture d’énergie solaire auprès de sites industriels, contribuant ainsi à optimiser leur performance énergétique tout en assurant la continuité de la fourniture d’énergie.

« Ces projets alliant les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire en tirant le meilleur de chaque sont une preuve concrète que l’innovation peut réconcilier même les plus grandes oppositions. Ce type de démarche nous montre que la recherche et l’industrie française ont les moyens d’être à la pointe des transformations environnementales ».

Des partenariats stratégiques avec de grands groupes français ou européens et plusieurs entités publiques vont permettre de déployer plus rapidement ces SMR pour l’industrie.

Inspirer les générations futures

Au-delà de ses réalisations, Sylvain Nizou qui est passé par l’enseignement technologique dès le lycée, aspire à transmettre un message d’espoir et de mobilisation aux jeunes générations. « L’industrie est un secteur passionnant, riche en défis et en opportunités. Mon conseil serait de toujours croire en ses idées, d’être curieux, de ne jamais cesser d’apprendre », dit-il.

Il insiste également sur l’importance de la collaboration et de la résilience. « Chaque échec peut devenir une opportunité si on sait en tirer les bonnes leçons. L’industrie a besoin de talents audacieux et motivés pour relever les défis de demain. Croyez en vous ! »

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