Chères résistantes, chers résistants, chers soutiens,

Il y a quelques mois, j’avais utilisé cette formule dans un article. Notre ministre de l’Économie de l’époque venait d’annoncer la « fin de la naïveté européenne » face à la Chine. Cette dernière bénéficiait alors largement des subventions sur les panneaux solaires, les pompes à chaleur et les voitures électriques qu’elle importait chez nous tout en soumettant les fabricants européens à une concurrence déloyale qui les mettait dans une situation économique très difficile.

Aujourd’hui, ce n’est plus la Chine qui nous fait réagir, mais nos (ex ?) amis américains. Toujours très polis, les dirigeants chinois savaient, eux, nous adresser un sourire et quelques compliments flatteurs après nous avoir roulés dans la farine. Trump, lui, ne s’encombre même pas de cette délicate hypocrisie. Il menace, insulte ou humilie purement et simplement ses alliés devant les caméras du monde entier. Ce faisant, il nous ramène à notre triste condition de puissance médiocre. (On disait puissance moyenne avant, mais médiocre me paraît plus à la mode.)

L’Europe, qui fit trembler le monde pendant des siècles et qui pensait encore l’inspirer par l’exigence de ses valeurs, doit ainsi jouer des coudes pour obtenir un strapontin à la table où se négocie la fin de la guerre en Ukraine.

Quant à la France, les déclarations martiales de son chef d’État ne font plus trembler personne. Se croyant encore l’héritière du général de Gaulle et de sa politique d’autonomie stratégique, elle se trouve, au moment où elle prétend remplacer les États-Unis dans les livraisons d’armes à l’Ukraine, aussi incapable de bâtir les usines d’armement qui lui manquent que de terminer la construction d’une autoroute de 62 km.

Face à une telle situation, il est légitime de se demander comment est-on arrivé à un tel niveau d’impuissance de notre État ? Pour le comprendre, il faut aller chercher dans les tréfonds de notre âme et dans les incongruités de l’air du temps.

Nous, Français, sommes culturellement un peuple sensible à la morale. Nos voisins se moquent d’ailleurs parfois du dogmatisme (manque de pragmatisme) qui nous conduit à prêcher aux autres des valeurs que nous n’appliquons pas toujours nous-mêmes.

C’en est parfois caricatural, c’est vrai. Mais sentir que nous participons à un grand dessein, que nous portons une cause qui nous est supérieure, nous a permis, à bien des moments, d’étonner le monde et de faire des miracles.

Il y a cependant un défaut à cette qualité : l’absolutisme de certaines de nos valeurs. Des révoltes druidiques à la Révolution française, des croisades aux guerres de religion, de la monarchie sans contre-pouvoir à l’anticléricalisme décapiteur, de Calvin à Robespierre, nous avons fait mille fois la preuve que nous avions tendance à pousser un peu loin le bouchon quand il s’agit d’éthique et de morale.

On pousse parfois si loin nos postures qu’elles finissent dans l’excès et deviennent destructrices, jusqu’à desservir les causes qu’elles prétendaient défendre.

Les dérives de la Révolution, la Terreur de Robespierre, ont ainsi débouché sur l’Empire et une restauration monarchique qui ont fait perdre 80 ans à la République.

Sans aller jusqu’à de telles extrémités, quand cette moralisation excessive s’empare de nos débats, elle a tendance à les scléroser en les essentialisant. Ainsi, ceux qui prennent la parole se trouvent-ils rapidement réduits au rôle de disciples soumis ou d’opposants négationnistes sans grande possibilité de voie médiane ni de nuance.

On a connu ces travers avec la construction européenne. Quand des voix se sont élevées pour prévenir :

  • Qu’un vote à l’unanimité des membres allait paralyser sa gouvernance.
  • Que l’intégration de telle ou telle nation allait encourager le dumping social ou fiscal.
  • Qu’un libéralisme trop pur allait exposer nos industriels et nos agriculteurs à la concurrence déloyale de pays à bas coûts…

… Elles ont été qualifiées d’antieuropéennes.

Dans une certaine mesure, on connaît ce même phénomène avec les critères ESG des directives européennes. Décourager les fonds européens d’investir dans l’industrie de défense (parce que la guerre c’est mal), dans la sidérurgie ou les mines (pour décarboner son portefeuille) a précipité les entreprises qui opèrent ces activités stratégiques dans les bras de la finance mondiale (américaine surtout).

Donc là, il lui dit qu’il garantie de garder les emplois en France et que ça va bien se passer après le rachat.

En France, la posture morale que nos politiques ont adoptée pour démontrer à leurs électeurs qu’ils plaçaient le sujet environnemental au-dessus de tout a complètement sclérosé la capacité de décision de l’État dans nos territoires. Ils ont sorti les agences environnementales (agences de l’État, pourtant) de l’autorité des préfets. Ces derniers se retrouvent ainsi incapables de trancher les débats qui ont lieu localement entre entreprises, associations, collectivités locales et agences environnementales. Les conflits entre ces acteurs finissent donc par encombrer les tribunaux, ce qui rallonge considérablement les délais de construction des usines nécessaires à notre réindustrialisation.

C’est ainsi que, faute d’avoir doté d’une gouvernance efficace des objectifs éthiques, nous avons écorné les idéaux européens et environnementaux. Ces deux grandes idées méritent pourtant une approche pragmatique. C’est-à-dire une approche :

• Moins absolue, plus respectueuse de notre souveraineté et de la productivité de nos entreprises au moment de leur conception.

• Pilotée plus clairement, via une gouvernance capable de décider de façon autonome, au moment de leur exécution.

L’approche volontaire qui préside à l’instauration des politiques RSE des entreprises est, à ce titre, une vraie source d’inspiration.

J’en profite pour préciser ici que s’il nous est arrivé de moquer les propos de certains consultants RSE, surtout quand ils parlent comme de véritables discours de Miss France (à les écouter, les normes tatillonnes imposées par la réglementation sont autant de chances données aux entreprises européennes pour se démarquer de leurs concurrents qui n’y sont pas soumis, les pauvres…), nous estimons que les démarches qu’ils mettent en place ont de nombreuses vertus.

Notamment celle d’offrir des débouchés professionnels à ceux dont la vocation est de faire la morale aux autres, ce qui, à une époque où l’Église et le clergé n’embauchent plus autant qu’avant, était assez inespéré. JE PLAISANTE ! Pardon…

Plus sérieusement, nous avons décidé, aux FFI, de lancer des concertations entre nos membres (patrons de PMI et ETI industrielles), des experts RSE, des membres de la Commission européenne qui nous ont contactés à cette fin et des experts de la normalisation volontaire (Afnor, Bureau Veritas…).

Au moment où le choc Trump s’ajoute aux coups répétés que la Chine nous assène depuis des années, tenter de rendre plus agiles les démarches réglementaires qui fixent les critères ESG nous apparaît comme le meilleur moyen d’en défendre l’esprit.

La semaine dernière, nous avons ouvert un nouveau chapitre de notre club. Il s’appelle FFI Splendide et regroupe nos membres PMI de plus de 10 millions d’€ de chiffre d’affaires, ETI ou fonds d’investissement. Sa vocation est de proposer des réformes et aménagements réglementaires qui viennent du terrain aux partis politiques. Les démarches ESG font clairement partie du périmètre de nos réflexions.

Si cet exercice vous intéresse, rejoignez donc nos assemblées.

Mais, avant de le faire, demandez-vous si vous supportez le second degré. Car, comme je l’ai écrit la semaine dernière sous un de mes posts, chez nous, on aime rire de tout.

Nous pensons, avec ceux qui lisent Charlie Hebdo, qu’il faut savoir se moquer de nos postures, de notre morale et de nos certitudes, quelles qu’elles soient. C’est à ce prix qu’on a une chance de rester sur le chemin du véritable progrès social. Et c’est grâce à cela que, même dans les moments les plus difficiles, on trouve la force d’avancer.

« L’humour est la politesse du désespoir », disait Desproges. Il avait bien raison.

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