Roland Lescure et des élus de tous bords demandent le maintien des aides à la décarbonation de l’industrie.

La semaine dernière, une pétition d’élus a été publiée dans La Tribune Dimanche. Elle s’inquiétait que, sur les 10 milliards promis pour la décarbonation des sites les plus polluants de France, seuls 4 avaient été accordés. Le reste est menacé par les coupes budgétaires.

L’enjeu est de taille. À eux seuls, le traitement des sites visés entraînerait la baisse de 10 % des émissions de CO₂ de l’industrie française.

Selon les pétitionnaires, les entreprises jouent le jeu. Elles acceptent de produire en « abandonnant leur dépendance au fioul, au gaz et au charbon ». Mais, « le compte n’y est pas du côté de l’État ».

Ils rappellent que « notre indépendance collective dépendra de notre capacité à construire une économie souveraine et prospère, soucieuse de tenir ses engagements environnementaux et armée pour la concurrence internationale ».

Pour eux, « l’industrie et sa révolution verte y tiennent une place centrale ».
Aux Forces Françaises de l’Industrie, on est toujours heureux de voir des élus défendre l’industrie. Mais au moment où :

– Le rapport Draghi tire la sonnette d’alarme sur le décrochage de la compétitivité européenne ;

– L’industrie automobile ferme des usines chez nous et investit aux États-Unis, notamment en raison des contraintes environnementales votées par nos élus ;

– Donald Trump, peu connu pour son engagement pro-climat, va faire baisser les exigences environnementales sur les entreprises américaines déjà plus productives que les nôtres…

… Nos élus devraient comprendre que les mesures qu’ils ont prises ces dernières années et qu’ils appellent encore de leurs vœux étaient déséquilibrées.

À vouloir aller trop vite sur la décarbonation (qui doit rester un objectif fort) au détriment de nos progrès de productivité, sans prendre le soin de protéger notre marché, ils ont fragilisé notre industrie face à ses concurrents.

À investir quasiment tous nos budgets dans l’innovation de rupture, au détriment des projets d’investissement plus standards des milliers de PME et ETI de nos territoires, on a retardé la croissance de milliers d’entreprises, sans faire émerger de champions sur nos nouveaux sujets.

Si on avait mieux réparti nos investissements, nos PME régionales pourraient être aujourd’hui plus grosses, plus solides, pour affronter la crise actuelle et le délire de taxes qui se prépare.

On voit dans leur cri d’alarme que même la décarbonation menace de s’arrêter au milieu du gué :

Parce qu’elle n’est pas financée par les marges de manœuvre qu’un saut de productivité aurait pu assurer à nos entreprises. Parce qu’elle dépend de subventions d’un État ruiné.

Chers élus, à l’avenir, écoutez les entrepreneurs avant de faire vos grands plans théoriques. Quand on part trop vite pour une course de fond, il arrive qu’on tombe en panne et qu’on n’atteigne pas ses objectifs.

C’est dommage.

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