La vie politique française est décidément faite de marronniers. Le fléchage de l’épargne des Français vers l’économie réelle est l’un d’eux. Ces dernières années, on en a parlé à peu près autant que du choc de simplification… C’est dire ! Et on a avancé à peu près d’autant sur ces deux thèmes. C’est-à-dire pas du tout.
L’Express croit savoir que le sujet est à nouveau sur la table de nos gouvernants. De notre point de vue, comme l’a écrit Olivier Lluansi dans son livre « Réindustrialiser : le défi d’une génération », c’est LA solution la plus puissante pour financer la réindustrialisation du pays. (Solution à activer en parallèle avec l’allègement des coûts et des normes qui nuisent à la compétitivité de nos usines.)
Elle permettrait d’injecter facilement les 200 milliards nécessaires à la remise de notre appareil productif au niveau de la moyenne européenne (Olivier Lluansi). Le tout, sans creuser la dette de l’État.
L’opération consisterait en la création d’incitations et de dérivations qui partiraient de l’immense stock d’argent qu’amassent les Français sur leurs livrets garantis par l’État, vers des fonds d’investissements privés chargés de placer à leur tour cet argent dans nos PME régionales.
Le flux irait du privé vers le privé, sans passer par la case État et sa fâcheuse capacité à confondre la morale (il faut changer le monde), la politique (votez pour moi) avec l’économie (j’investis dans des entreprises performantes pour obtenir un bénéfice).
Et il y a de quoi faire. Car les Français sont des fourmis. Nous, qui nous définissons volontiers comme des révolutionnaires aux élans romantiques, gérons notre argent comme des rentiers peureux. Nous sommes les deuxièmes épargnants du monde et plaçons notre argent dans l’immobilier (rente) et sur des produits d’épargne garantis par l’État (rente aussi).
Ce qu’il reste est placé sur le CAC 40, en bons du Trésor américain (les ménages français possèdent 200 milliards de dette américaine. Soit le montant nécessaire pour réindustrialiser). Mais quasiment rien n’est mis dans les PME de nos régions.
La loi Industrie verte a certes prévu qu’une part des sommes de nos assurances-vie allait devoir s’investir dans notre industrie. Les FFI ont d’ailleurs créé un fonds d’investissement capable de participer à cette opération de fléchage vers de vraies PME made in France (à votre bon coeur). Mais les décrets d’application ne sont pas encore sortis.
Certaines mauvaises langues prétendent que le Trésor ne serait pas pressé de voir une partie de l’argent qu’il utilise pour financer le déficit de l’État et le logement social (le truc dont un jeune homme célèbre avait dit qu’il coûtait « un pognon de dingue »), détourné vers l’industrie.
Le gouvernement actuel, en sursis, va-t-il aller plus loin que le précédent sur ce thème ? Les paris sont ouverts en commentaire.