La France est un pays surprenant. Parfois frustrant. Quand il met des années à accepter la réalité d’un monde qui change. Et à s’y adapter.

D’autres fois formidable. Quand il finit par triompher de son dogmatisme et rattrape son retard avec ce panache que d’autres, les pauvres, nomment souvent arrogance. (Un peu d’arrogance a été saupoudrée sur cette phrase à titre illustratif).

La startup française Verkor vient de démontrer avec éclat que les malédictions de notre écosystème industriel pouvaient être levées.

Cette spécialiste des batteries haute performance vient, en effet, de lever 1,38 milliard de dette auprès de 19 banques pour financer sa gigafactory de Dunkerque.

Et là, tous ceux qui commentent l’actualité de l’économie française doivent tomber à la renverse. Voir des banques françaises prêter de tels montants à une entreprise aussi jeune et innovante est rarissime. (Jamais vu ?).

Et il faut s’en réjouir. Car on imagine aisément le nombre de nos plafonds de verre nationaux que Verkor a dû franchir pour en arriver là. Ceci, certes, grâce à la crédibilité de ses premiers actionnaires (EIT InnoEnergy et Schneider Electric notamment).

La startup lourdement parrainée a ainsi pu réaliser plusieurs levées de fonds. Dont une de plus de 2 milliards en septembre dernier auprès d’investisseurs, eux aussi de grande réputation : Macquarie, Meridiam, le FSP, mais aussi Renault, premier actionnaire avec 20 %.

C’est la réputation de ses actionnaires (grands groupes, grands fonds), dit le Figaro et la commande de Renault Group qui a réservé 2/3 de sa production, qui ont convaincu les banques.

Alors, pardon à ceux qui voient dans la présentation de toute bonne nouvelle un cirage de pompe en bonne et due forme. Mais tel Blaze dans La Folie des grandeurs, je m’en vais flatter :
– Les banquiers qui ont prêté.
– Un grand groupe (Renault) qui a fait confiance à une startup industrielle.
– Les assureurs français qui, regroupés via le FSP, ont investi dans l’économie réelle.

Je sais. Ça paraît surprenant de se pâmer quand tant de monde se contente de faire son boulot. Mais pour écouter les histoires de nombre d’entrepreneurs (PME et startups non parrainées), ce n’est pas si fréquent. Alors félicitons !

Et, poussant la flatterie jusqu’à l’inacceptable, je n’oublierai pas Bpifrance ainsi que toute la sphère publique (sous l’impulsion du gouvernement). Cette dernière a su aligner les planètes et triompher de son mille-feuille pour que ce projet trace sa route.

Certes, on aurait aimé que l’exploit de Verkor passât inaperçu tant il fût habituel. Mais voilà : avant qu’une réalité devienne la routine, il faut bien une première fois.

Alors bravo Verkor.

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