« L’Allemagne prête à s’affranchir des règles européennes pour défendre son industrie ». Cet article, paru dans les Echos du 24 octobre, nous rappelle que le pragmatisme politique est bel et bien une valeur anglo-saxonne.
Un remodelage radical des règles budgétaires allemandes.
Depuis des années, les gouvernements français ont sacrifié certains de nos intérêts nationaux pour ne pas passer pour « antieuropéens ».
La posture de joueur magnanime qu’aiment à camper nos politiques sur notre scène politique nationale était à ce prix. Pour maintenir le couple franco-allemand, il fallait savoir faire des concessions. Comme dans tout couple, finalement.
Et soudain, le ministre allemand de l’Économie nous rappelle qu’on n’aurait peut-être pas dû…
Robert Habeck, c’est son nom, vient de dévoiler sa stratégie pour sortir l’#industrie allemande de la crise dans laquelle elle est plongée depuis de longs mois.
Une crise due à l’envolée des prix du gaz qui fragilise ses usines les plus énergivores. Au point de voir le géant de la chimie BASF délocaliser sa production d’ammoniac. Alors que beaucoup d’autres de ses collègues menacent de faire de même dans d’autres secteurs.
Face à cela, l’équivalent de notre Bruno Le Maire n’y va pas par quatre chemins. Il propose un remodelage radical des règles budgétaires allemandes. Ceci afin d’abandonner certaines des régulations considérées comme « obsolètes ».
Obsolètes, ici, ça veut dire « contraignantes pour l’industrie allemande ». En bref, si le ministre de l’Économie est entendu, l’#Allemagne s’apprête à subventionner massivement son industrie. Notamment en faisant prendre en charge par l’État une partie significative du prix de son énergie.
Sage décision quand on sait à quel point la santé du Mittelstand est vitale pour l’économie outre-Rhin. Ce réseau de petites et moyennes entreprises, bien plus développé et solide qu’en France, représente son épine dorsale.
Aux Forces Françaises de l’Industrie, on ne critique pas cette décision. Il est toujours sain qu’un gouvernement protège son industrie. Car elle est un véritable ciment pour la société. Elle permet l’ascension sociale, l’intégration, et l’irrigation économique des #territoires.
Mais si nous comprenons cette attitude, elle est tout de même représentative de la façon dont nos partenaires européens se comportent :
- Ils jouent collectifs quand le collectif est plus fort pour défendre leurs intérêts.
- Ils la jouent en solo quand ça n’est pas le cas.
Mais alors, pourquoi n’a-t-on pas agi comme cela durant toutes ces décennies ?
Il y a quelques mois, Bruno Le Maire annonçait la fin de la naïveté française. Il serait temps, en effet !
Car nos partenaires européens le démontrent à longueur d’année : ils sont aussi des concurrents.
Alors, messieurs les ministres, on s’y colle pour de vrai ?