C’est l’été, la période propice pour porter des tongs !
Le saviez-vous : il s’en vend quatre millions chaque année en France. Dès l’apparition des beaux jours, les Français seraient 79% à en porter.
Il ne reste plus qu’un seul fabricant à garantir une production 100% Made In France. Les tongs made in China certifiées 100% plastique inondent depuis les marchés de tous les continents. « D’un objet artisanal, la tong est devenue un objet industriel à l’empreinte carbone et environnementale conséquente, du moins pour la grande majorité des modèles proposés. »
7 000 paires sont produites par an. Uniquement sur commandes
La structure de cette irréductible gaulois est basée dans l’Isère. L’atelier est situé à Vinay, aux portes du Parc naturel régional du Vercors. Chaque jour, 50 paires de tongs sont réalisées. Couleur Tong n’a pas de stock et produit en fonction des commandes. 7 000 paires de tongs ont été produites l’an passé. En 2022, Couleur Tong compte en produire 1 000 à 2 000 de paires de plus.
La société Kaolila a été créée il y a quatre ans par Eric Maydew et Vincent Chevillot, deux anciens collaborateurs de Bishoes qui fabriquait des tongs haut-de-gamme avant d’être cédée à Lafuma Sport en 2005.
« L’impact principal des produits, c’est quand même le transport »
Eric Maydew se souvient : “Avant de lancer Couleur Tong, j’avais une première marque qui s’appelait BiShoes cédée en 2005 à un groupe international de sportswear. Après le rachat, le groupe n’a pas souhaité poursuivre la fabrication en France. Lassé de ce système qui ne me satisfaisait pas, j’ai décidé après quelques années de créer une nouvelle marque avec comme impératif de réaliser 100% des opérations en France. Mon ancien chef d’atelier ainsi que l’ex-DAF du groupe acquéreur m’ont rejoint dans cette nouvelle aventure ».
Vincent Chevillot a récemment confié à France 3 :« Ce que j’aime dans mon métier, c’est toucher les matières, c’est discuter avec les couturières, c’est faire des marquages, c’est créer, c’est le plaisir de faire le travail si vous voulez. Moi, créer des tableaux Excel et gérer que des marges ce n’est pas ce qui m’intéresse. C’est en faisant du « made in France » que l’on est dans le cœur du sujet et puis je suis conscient des enjeux. Pour moi, l’une des premières choses à faire pour limiter tous les problèmes que l’on a actuellement, c’est de refaire les choses localement. L’impact principal des produits c’est quand même le transport.«
Avis aux amateurs, vous pouvez aussi commandez les matières premières et les réaliser vous mêmes ! « On explique avec un tuto comment fabriquer la tong, il faut aussi un peu de matériel, de la colle, une machine à coudre et un marteau mais ce n’est pas compliqué ».
« Difficulté de recruter en France »
Couleur Tong poursuit son développement et a des ambitions à linternational. Reste un problème, et de taille : le recrutement des équipes. Eric Maydew le constate : « Malheureusement, comme pour la plupart de mes collègues chausseurs qui sont restés en France, nous avons beaucoup de mal à recruter. Notre activité, c’est presque celle d’un métier d’art qui s’éteint peu à peu. »
Pour espérer susciter des vocations, Couleur Tong travaille avec l’association Romans Cuir pour redonner envie aux jeunes de se lancer dans ce type de carrières, encore trop peu encouragées en France. « On ne compte plus les démissions et reconversions professionnelles des cadres en quête de sens. Alors, prêts à fabriquer des tongs ? «
Il y a quelques jours, Gilles Attaf sur les ondes de radio Territoria insistait sur l’importance de la filière textile française. « La filière du textile a été laminée pendant des décennies et on s’aperçoit qu’elle peut être une filière stratégique.«